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roi d’Angleterre et moi avons envoyé devers l’empereur lui offrir la paix, s’il veut venir à la raison, sinon lui signifier la guerre à feu et à sang. J’en aurai bientôt la réponse. S’il accepte la paix, il lui faut la somme de 2 millions d’or, sur lesquels 1,200,000 écus doivent être fournis promptement pour qu’il rende mes enfans. Il y a quelques articles sur lesquels nous ne sommes pas bien d’accord. Je pense que l’empereur ne les refusera point. Toutefois, s’il les refusait, il faudrait nécessairement venir à la guerre et la mettre en Flandre et en Artois, où j’aurais 20,000 hommes sans la gendarmerie qui est sur la frontière, et le roi d’Angleterre 10,000, car nous sommes convenus que je payerais les deux tiers des frais, et le roi d’Angleterre l’autre tiers[1]. »

Entretenant l’assemblée de l’étendue de ses dépenses et de l’insuffisance de ses ressources, il dit que, pour continuer la guerre, il a besoin de l’aide de ses sujets et vassaux, qu’il n’a voulu rien faire sans s’adresser à eux, qu’il est leur roi et qu’en sa personne gît l’honneur du royaume de France, qu’il les prie de bien examiner si le royaume peut supporter les frais de la guerre, déclarant que, s’il doit en être trop grevé, il est prêt à retourner en Espagne comme prisonnier, à faire ainsi revenir ses enfans, à porter seul la peine des désastres publics, et qu’il serait satisfait de demeurer toute sa vie en captivité pour le salut de son peuple. Il conjura l’assemblée de le conseiller, non-seulement comme on conseille les rois dans les affaires ordinaires, mais comme on devait conseiller en une chose qui ne touchait pas uniquement lui et ses enfans, mais tout le royaume de France.

Une confiance ainsi exprimée, en invoquant l’intérêt public auquel François Ier semblait prêta sacrifier encore sa liberté, toucha l’assemblée et la disposa très favorablement. Le cardinal de Bourbon au nom du clergé, le duc de Vendôme, premier prince du sang, au nom de la noblesse, remercièrent le roi de leur donner communication de ses affaires, promirent de lui venir en conseil et en aide autant qu’il serait en leur pouvoir. Le premier président de Selve, prenant ensuite la parole pour le parlement de Paris, pour les autres cours souveraines du royaume et pour le prévôt des marchands, les échevins et les bourgeois de la ville de Paris, adressa à François Ier, qu’il savait flatter et servir, l’expression d’une reconnaissance encore plus humble et l’assurance d’un dévouement zélé. Lui appliquant ces paroles de la Bible, benedictus dominus Deus qui dedit hanc voluntatem in cor regis, il dit : « Ainsi que au chef du corps humain de qui dépendent le mouve-

  1. Procès-verbal de l’assemblée des notables au Palais de Paris devant le roi François Ier. — Mss. de la Bibliothèque impériale. Mélanges, 39, 753.