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nous inciterons contre lui les autres princes chrétiens et les électeurs de l’empire. Le clergé tant de France que d’Angleterre incitera aussi le reste du clergé de la chrétienté à poursuivre votre liberté, en sorte que nous ferons connoître à l’empereur qu’il ne devoit souffrir qu’un si condamnable attentat fût commis en son nom et sous sa bannière[1]. »

Les deux rois en effet avaient envoyé en Espagne des ambassadeurs extraordinaires pour demander à l’empereur de délivrer les jeunes princes français moyennant la rançon offerte, de payer au roi d’Angleterre les sommes qu’il lui devait, de rétablir Francesco Sforza dans le duché de Milan, et de rendre Clément VII à la liberté comme à l’exercice du souverain pontificat. Sir Francis Poyntz et Gabriel de Gramont, évêque de Tarbes, chargés de cette mission par Henri VIII et François Ier, s’étaient présentés devant Charles-Quint le à juillet, dans un moment où ce prince croyait l’Italie entièrement à sa discrétion. Il écouta les propositions qui lui furent faites avec un calme ironique, et il adressa des paroles assez malicieuses à l’évêque de Tarbes[2]. Toutefois, loin de se refuser à un arrangement pacifique, il sembla s’y prêter en cédant sur le duché de Bourgogne. Seulement, par les difficultés qu’il y apporta, il fit traîner en longueur la négociation qui, ouverte à Valladolid, fut continuée à Palencia et à Burgos, où la peste le contraignit de se transporter avec sa cour. Sans être rompue, cette négociation se compliqua bien davantage lorsque l’empereur fut instruit de ce qui s’était conclu à Amiens, et qu’il apprit les progrès menaçans de Lautrec en Italie. Altier et opiniâtre comme il était, il allait se montrer moins traitable encore. Il écrivit à son frère Ferdinand, qui lui conseillait instamment de faire la paix dans l’intérêt de l’Allemagne et du royaume de Hongrie : « Je vois bien que l’intention du roi François est tout à fait en désaccord avec ses protestations de paix, car je suis maintenant informé qu’il a traité différentes choses avec le cardinal d’York qui tendent à prolonger la guerre... Le roi de France ayant le projet de me faire tort partout, il est nécessaire que je prenne des mesures pour ma défense, et j’y suis résolu avec l’assistance de Dieu, qui m’a toujours aidé dans mon bon droit[3]. »

Il était justement inquiet de la situation de ses affaires en Italie. Le Piémont et le Milanais lui avaient été enlevés presque en en-

  1. Lettre de François Ier à Clément VII, d’août 1527, à Amiens. — Mss. Dupuy, vol. 452.
  2. Dépêche de sir Fs Poyntz. — Ms. Vespas., c. 4, p. 146 et 147, — et dans Turner, t. II, p. 115 et 116.
  3. Lettre de Charles-Quint à Ferdinand, écrite de Burgos le 18 septembre 1527. — Dans Bucholtz, t. III, p. 3.