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épiscopales, 7,737,214 francs ; — prébendes paroissiales, bénéfices ecclésiastiques et chapelleries, 35,912,722 francs ; — fabriques et administrations d’églises, 15,400,148 francs ; en tout, 76 millions, dont 46 millions de revenus immobiliers. En capital, le patrimoine ecclésiastique est approximativement évalué à 1,800 millions. C’est sur cette masse de richesse que le gouvernement italien fonde ses espérances et ses calculs pour combler les vides de son budget, pour gagner le moment où l’équilibre de ses finances reposera sur le développement de la fortune publique. C’est évidemment une ressource considérable, mais il est bien clair aussi que tout dépend de l’esprit qui dominera cette grande mesure, des conditions dans lesquelles elle sera réalisée, de la manière dont elle se combinera avec la solution des difficultés religieuses, et ce qui n’est en apparence qu’une question financière est en réalité la plus grave, la plus délicate des questions politiques ; en d’autres termes, pour que l’opération soit fructueuse, pour qu’elle ne devienne pas un effroyable gaspillage sans profit pour l’état, il faut qu’elle reste une supérieure et équitable combinaison où la révolution italienne trouve une garantie nouvelle.

Rien n’est plus simple, au premier abord, que de déclarer vacant l’héritage de l’église par l’abolition de la personnalité civile des corps moraux, de décréter l’aliénation des biens ecclésiastiques. C’est entendu, c’est fait ; les corporations religieuses sont supprimées, le patrimoine du clergé est sous le coup de l’inévitable liquidation. On peut procéder directement ou par l’intermédiaire de quelque grande compagnie financière de l’Europe, qui ne demandera pas mieux que de remuer toute cette richesse. Mieux encore, on peut charger les communes de la vente en les intéressant à une opération dont elles sont peut-être les instrumens les plus naturels et les plus efficaces. Ce sera toujours un bienfait sans doute de livrer à l’industrie privée, à la féconde initiative du travail individuel d’immenses propriétés immobilisées par la mainmorte. — Après cela, le problème n’aura peut-être pas fait beaucoup de chemin au point de vue de ce que l’état peut attendre de cette vaste transformation territoriale.

D’un côté, l’état est obligé tout d’abord de payer des pensions aux membres des corporations supprimées, aux moines mendians comme aux autres, et ces pensions qui varient entre 600 et 200 fr. pour vingt-neuf mille titulaires s’élèvent naturellement assez haut. De plus, si l’état aliène lui-même ou fait aliéner à son profit le patrimoine ecclésiastique, il faut bien que sous une forme ou sous l’autre