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Faire servir les appareils d’éclairage à la ventilation des appartemens, c’est une idée juste qui a un double avantage. Outre qu’on ajoute ainsi à la salubrité des habitations, ce perfectionnement permet d’y introduire le gaz, mode d’éclairage si commode à bien des égards, et qui n’a d’autre défaut que l’odeur et le dépôt noirâtre qui accompagnent les produits de la combustion. Ces inconvéniens disparaissent d’ailleurs dès que la flamme est surmontée d’une petite cheminée d’appel qui donne issue à l’air vicié de l’appartement. Les restaurans, les magasins et les cafés qui emploient un grand nombre de becs de gaz trouveraient là un moyen d’assainissement d’une efficacité certaine. Si l’on trouve, en Angleterre ces principes appliqués dans quelques maisons particulières, cependant c’est plutôt dans les édifices publics qu’il convient de chercher des modèles à suivre, entre autres dans les bâtimens affectés au casernement de l’armée, qui furent, il y a moins de dix ans, l’objet de mesures d’assainissement bien combinées. En 1857, l’opinion publique s’inquiéta de la mortalité excessive qui frappait les soldats de l’armée anglaise cantonnés à l’intérieur du royaume-uni. La statistique indiquait 17,5 décès annuels sur 1,000 hommes, tandis que la population mâle du même âge ne fournissait, prise en masse, que 9,2 décès. M. le général Morin établit, d’après des documens authentiques, que dans l’armée française la mortalité s’élève à 11,9 décès par 1,000 hommes et par année en temps de paix. Il était donc naturel que l’on se préoccupât, en Angleterre d’améliorer le régime sanitaire des casernes. lie ministre de la guerre, lord Panmure, institua une commission pour examiner et améliorer, autant qu’il serait jugé nécessaire, les casernes et les hôpitaux militaires du royaume. Par un remarquable exemple de simplification administrative, cette commission était autorisée à ordonner l’exécution immédiate de tous les travaux dont la nécessité lui serait démontrée, et dont la dépense ne dépasserait pas la somme relativement considérable de 2,500 livres sterl. par chaque caserne ou hôpital. Le rapport constata que le plus grand nombre des casernes occupées par les soldats laissaient à désirer au point de vue de l’aération. Les Anglais manifestent une préférence très marquée pour le chauffage à foyer découvert, c’est-à-dire qu’ils préfèrent en toute circonstance les cheminées aux poêles. Le bas prix du combustible minéral dans leur pays fait que le côté économique de la question y a moins d’importance qu’en France. Il semblerait alors que leurs habitations, chauffées par des cheminées, sont très bien ventilées et par conséquent très saines ; mais après examen on a reconnu qu’il n’en était pas ainsi. Lorsqu’une pièce est habitée d’une façon permanente par plusieurs individus,