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appareils. La création du vaste hôpital Lariboisière était une importante occasion de procéder à des essais plus étendus ; mais, pour rendre l’expérience plus concluante, la question fut mise au concours. Les idées étaient alors si peu fixées sur les exigences de l’hygiène en fait de ventilation que le programme imposait aux concurrens la condition de fournir seulement 20 mètres cubes d’air frais par heure et par lit. Une quantité trois fois plus considérable paraît à peine suffisante aujourd’hui. Deux systèmes différens furent admis pour l’hôpital Lariboisière, de façon que l’on put en comparer la valeur respective dans des conditions à peu près identiques. Trois des pavillons qui renferment les salles de malades furent chauffés et ventilés par l’eau chaude au moyen d’appareils construits par M. Léon Duvoir-Leblanc. Les trois autres pavillons furent chauffés à la vapeur, et le renouvellement de l’air y fut opéré au moyen de machines soufflantes inventées par MM. Thomas et Laurens. La juxtaposition des deux systèmes dans un même établissement n’a pas, comme on l’espérait, donné des résultats concluans sur l’efficacité relative de chacun d’eux. Les calorifères à circulation d’eau chaude paraissent être ceux qui conviennent le mieux dans un hôpital, car ils donnent une chaleur douce, permanente, et la température n’en varie pas trop facilement, en sorte que le feu peut être interrompu chaque nuit pendant quelques heures sans que la température s’abaisse trop. Cependant des appareils à air chaud ont été installés dans les hôpitaux militaires de Vincennes et du Gros-Caillou, et un système nouveau, dû à un médecin belge, le docteur van Hecke, a été mis à l’essai, sans résultat bien satisfaisant, à l’asile impérial du Vésinet.

Ce n’est pas en France seulement que l’on s’est préoccupé d’améliorer par un chauffage rationnel l’état hygiénique des établissemens hospitaliers. A Saint-Pétersbourg, on a construit depuis peu de temps une maison d’accouchement de 130 lits qui est pourvue de calorifères établis d’après les données les plus récentes de la science. La ventilation y est de 50 mètres cubes par heure et par lit, ce qui est peut-être insuffisant. Sous le climat très rigoureux de la Russie, le problème du chauffage présente des difficultés plus sérieuses qu’en France, car l’écart entre la température intérieure des salles et celle, de l’extérieur s’élève parfois à 50° centigrades. Sans admettre que la ventilation artificielle soit, comme on l’a prétendu à tort, un remède d’une efficacité absolue contre l’infection des salles de malades, c’est au moins une cause énergique de salubrité. Il serait impardonnable maintenant à une administration municipale d’édifier un hôpital où le renouvellement et le chauffage de l’air ne seraient pas assurés, d’autant plus que la dépense que cette