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être que le résultat d’un malentendu. Les hôpitaux où les appareils de ventilation artificielle se sont montrés impuissans à combattre les affections épidémiques étaient-ils ventilés avec l’activité voulue ? Là est toute la question. Grâce à un petit instrument dont tout le monde sait lire les indications, grâce au thermomètre, chacun peut vérifiera tout instant et avec une exactitude convenable quelle est la température d’une salle. Qui dira au contraire ce qu’il y entre d’air pur et ce qu’il en sort d’air vicié ? L’instrument qui donnerait à ce sujet des indications précises, c’est l’anémomètre ; mais la construction en est compliquée et l’observation n’en est pas facile, si bien que l’on se contente le plus souvent de vérifier, la marche des appareils de ventilation quelques jours après qu’ils sont établis, et on les abandonne ensuite aux soins d’un manœuvre. M. le général Morin, par des expériences récentes qu’il vient de communiquer à l’Institut, a prouvé que les appareils installés dans les hôpitaux de Paris ne marchent pas avec la régularité qu’on en pourrait exiger, faute de moyen de contrôle. Ce savant a fait voir que des salles de malades auxquelles on avait prétendu distribuer 60 mètres cubes d’air pur par heure et par lit n’en recevaient pas en réalité la moitié à certains instans. du jour. Il est permis de croire que de nouvelles études amèneront, avant qu’il soit longtemps, d’importantes améliorations dans cette branche du service hospitalier. Il est sage d’en attendre les résultats avant de se prononcer sur les effets que la ventilation artificielle exerce sur le traitement des malades.

Quoique dédaignés un moment par les hommes qui ont le plus d’autorité en matière d’hygiène, les procédés de ventilation artificielle ne sont pas cependant exclus des hôpitaux, mais ils y ont été ramenés à un rôle plus modeste et encore utile. Ils sont un auxiliaire indispensable pendant la nuit et pendant la saison rigoureuse, alors que l’ouverture permanente des fenêtres serait un danger pour les malades. Ils se combinent d’ailleurs avec les appareils de chauffage pour en accroître l’efficacité. En France, il n’y a pas plus de vingt ans que l’on a commencé à ventiler et chauffer d’une façon régulière les grands hôpitaux. Les administrations hospitalières se préoccupaient depuis longtemps des moyens de renouveler, dans les salles de malades, l’air incessamment vicié par les émanations insalubres. Un constructeur démérite, M. Léon Duvoir-Leblanc, mettant à profit les essais qui avaient été tentés à la Bourse et au conseil d’état, entreprit en 1846 d’assainir l’un des pavillons de l’hôpital Beaujon par un système de chauffage à circulation d’eau chaude. Le succès ne fut pas complet, et cependant les médecins chargés du service constatèrent une amélioration, réelle dans la salubrité de ce pavillon. Un peu plus tard, l’hôpital Necker fut doté des mêmes