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ce qui est au reste très rare, — l’ouverture presque permanente des portes, — les nombreux orifices pratiqués dans les voûtes pour suspendre les lustres et les ornemens. Le chauffage y est toutefois d’une grande utilité non-seulement pour le bien-être des assistans, mais aussi pour la conservation des objets d’art que l’humidité détériore. Presque tous les édifices consacrés au culte sont aujourd’hui chauffés à Paris, et il en est de même en beaucoup de villes de province. Le plus souvent le chauffage est opéré au moyen d’un appareil à circulation d’eau chaude. Quelques indications sur le prix de revient ne paraîtront peut-être pas superflues. A l’église de la Madeleine, à Paris, la dépense s’élève à 15 francs par jour, et l’entrepreneur, qui a construit l’appareil s’est engagé moyennant cette somme à maintenir une température de 12 degrés 1/2 dans l’église et de 18 degrés dans quelques pièces souterraines. Au reste il y a ceci de particulier dans ces immenses édifices, que le refroidissement ne s’y opère qu’avec une extrême lenteur. Ainsi dans l’église Saint-Roch, quand les murs ont été amenés à une température convenable par un chauffage prolongé, on peut interrompre la marche de l’appareil pendant cinq ou six jours sans que l’abaissement du thermomètre dépasse 1 degré ; l’ouverture même des portes pendant plusieurs heures consécutives ne produit pas un refroidissement sensible. Ces effets sont dus à l’énorme épaisseur des murailles, qui se transforment en réservoirs de chaleur d’une très grande capacité. Il faut remarquer d’ailleurs que la température intérieure des églises ne doit jamais être bien élevée, surtout durant la saison rigoureuse, parce qu’on y arrive chaudement vêtu et qu’on y fait un séjour peu prolongé. Une chaleur excessive incommoderait les assistans plus qu’elle ne leur serait agréable.

Au contraire, dans les salles d’assemblée où l’on reste assis pendant plusieurs heures, dans les amphithéâtres et surtout dans les chambres législatives, la température doit être assez élevée pour combattre pendant la durée de longues séances la moindre impression de froid, c’est-à-dire que le thermomètre doit marquer au moins 18 degrés. Il est encore plus nécessaire qu’une ventilation abondante renouvelle incessamment l’air vicié par la respiration. Il est même utile qu’en été l’air qui y est introduit soit rafraîchi, si faire se peut, au-dessous de la température extérieure. Ce triple problème est bien difficile à résoudre, paraît-il, car on ne saurait citer une grande salle d’assemblée législative où la solution en soit tout à fait satisfaisante. Au palais du sénat, par exemple, les orifices d’accès par lesquels l’air pur s’introduit sont disposés d’une façon si gênante qu’ils ont dû être presque tous supprimés, si bien qu’il n’y a pour ainsi dire plus de ventilation. L’inconvénient n’est