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la dernière campagne, cette organisation paraît avoir suffi à tous les besoins, même après la sanglante journée de Sadowa, où il a fallu recueillir et panser également les blessés autrichiens.

On a déjà fait remarquer ici même[1] tout le parti que l’état-major prussien, à l’exemple des Américains, avait su tirer des chemins de fer. Dans leurs mouvemens en avant, ils suivaient autant que possible les grandes lignes ferrées, et ils visaient à en enlever l’usage à leurs adversaires en occupant les points de jonction. Comme on avait prévu que l’ennemi en retraite détruirait les ponts et enlèverait les rails, on avait organisé un corps spécial comprenant des ingénieurs, des mécaniciens et des terrassiers. Ceux-ci réparaient immédiatement les dégâts, et ainsi, à mesure que l’armée avançait, le chemin de fer lui amenait rapidement les approvisionnemens les plus urgens. L’organisation de la poste et la merveilleuse activité qu’elle a déployée pour faire parvenir les lettres à destination à travers la Bohême envahie et jusqu’aux portes de Vienne ont valu, m’a-t-on assuré, au directeur-général, M. Philipsborn, d’unanimes éloges. Chaque corps d’armée avait son service de poste de campagne, dont le personnel comprenait 1 directeur de campagne (feldpostmeister), 5 commis, 2 employés inférieurs, 12 postillons et 10 soldats du train. Des voitures et des relais de chevaux en nombre suffisant avaient été pris en Prusse et suivaient partout le corps d’armée. Aussitôt que les chemins de fer étaient remis en état, on s’en servait. Dans les villes occupées même momentanément, un bureau de poste s’établissait et fonctionnait régulièrement. Ainsi, m’a-t-on dit, en Moravie, plus de vingt employés travaillaient nuit et jour pour expédier sans retard la correspondance, et six voitures y étaient spécialement consacrées. Chaque jour, le soldat recevait ses lettres et même les envois d’argent qui lui étaient destinés, et à son tour il pouvait donner de ses nouvelles aux siens, qui devaient les attendre avec tant d’impatience et d’inquiétude. On comprend que cette régularité du service postal a dû être vivement appréciée dans un pays où tout le monde sait lire et écrire, et où beaucoup de jeunes gens de la classe aisée sont présens sous les drapeaux.

Pour qu’on puisse mieux se rendre compte de l’effectif complot de l’armée active que la Prusse pouvait mettre sur pied avant les récentes annexions, il ne sera pas inutile de consulter le tableau suivant dressé d’après les meilleures sources.

  1. Voyez, dans la Revue du 1er septembre 1866, la Guerre, les Télégraphes électriques et les Chemins de fer, par M. Louis Grégory.