Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 67.djvu/797

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Forme[1] faisaient remarquer que ces inconvéniens étaient compensés par de nombreux avantages. D’abord la levée actuelle, quoique accrue de 23,000 hommes, pesait relativement moins sur la population que celle d’il y a quarante ans, attendu que le nombre des habitans avait presque doublé. En 1815, le contingent correspondait à 0,40 de la population, aujourd’hui seulement à 0,35. La durée totale du service était réduite de 3 ans, de 20 à 36 ans, au lieu de 20 à 39. Une mobilisation ordinaire, décrétée comme mesure de précaution, n’aboutissait plus qu’au rappel des réserves de 23 à 27 ans ; elle laissait les hommes de la landwehr dans leurs foyers, et en cas de guerre, celle-ci ne venant qu’en seconde ligne, le premier choc, le plus meurtrier, tombait uniquement sur l’armée active. L’augmentation du contingent était exigée par la justice, car il était inique que le fardeau du service militaire retombât sur quelques-uns, tandis que d’autres, en nombre chaque année croissant, s’en trouvaient exemptés par le hasard d’une loterie. Trois ans de présence sous les drapeaux, ajoutaient les officiers, sont devenus indispensables. Ce n’est qu’au bout de ce temps que le soldat acquiert l’aplomb et l’adresse nécessaire pour faire un bon usage du fusil à tir rapide. Avec deux ans de service actif, le bataillon ne peut présenter la solidité nécessaire, car il se trouve composé pour un cinquième de recrues, pour un autre cinquième de soldats ayant un an de présence, et pour les trois derniers cinquièmes de réserves rappelées sous les drapeaux qui auront presque complètement oublié ce qu’elles n’ont jamais bien su. Les réengagés, contrairement à ce que l’on constate en France, sont si peu nombreux qu’ils ne suffisent même pas à fournir aux cadres le contingent de sous-officiers nécessaires. Si précédemment des commissions composées de généraux très compétens avaient déclaré que deux années de service suffisaient, c’est, affirmait-on, qu’ils visaient surtout à alléger le budget des dépenses, et d’ailleurs les progrès de la tactique et de l’armement exigent maintenant des exercices beaucoup plus prolongés. Ainsi donc sept années de service dont trois au régiment, contingent annuel de 63,000 conscrits et devoir pour les hommes valides de concourir, s’il le faut, à la défense de la patrie, telles sont les bases de l’organisation actuelle de l’armée prussienne. Voyons maintenant plus en détail comment s’opère le recrutement.

  1. Ceux qui voudraient étudier cette question plus à fond peuvent consulter notamment deux écrits qui exposent d’une manière très claire les deux opinions opposées : d’une part Die Reorganisation des preussischen Heerwesen, par M. von Vincke-Olbendorf, et d’autre part le rapport de la commission nommée au sein de la chambre des députés, Kommissions-Bericht des Abdeordnetenhauses über den gesetz-entwurf betreffend die Verfichlung zur Kriegsdienste.