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sont admis sans difficulté. Les autres sont examinés sur l’allemand, le français, le latin, la géographie, l’histoire et les mathématiques ; mais la commission a un pouvoir discrétionnaire, et s’il se présente quelque (ils de gentilhomme campagnard, plus adroit cavalier que fort latiniste, elle ne se montre pas trop difficile. Le jeune volontaire peut ordinairement choisir à sa convenance celle de ses trois années de service obligatoire de 20 à 23 ans qu’il veut passer au régiment. Une fois sous les drapeaux, il est strictement tenu d’assister à tous les exercices, parades et manœuvres ; mais il habite où il veut et se nourrit plus ou moins bien suivant les ressources dont il dispose. Son uniforme est celui du simple soldat, seulement il est de drap plus fin et d’une coupe plus soignée, et d’ailleurs, le service terminé, il peut le déposer avec l’assentiment de son capitaine et se rendre partout en habit bourgeois. Il a d’ordinaire l’après-midi libre, et rien ne l’empêche de l’employer à travailler, à suivre des cours ou à se rendre aux réunions où il est invité avec ses officiers. De cette façon, les douze mois s’écoulent vite sans qu’il ait passé par la caserne. Il mène plutôt l’existence d’un étudiant à l’université, plié cependant au joug salutaire de la discipline. La régularité obligée des habitudes, la loi de l’obéissance passive, les fatigues bienfaisantes de l’exercice et des manœuvres forment le caractère et fortifient les muscles d’un jeune homme de vingt ans. C’est une excellente école qui donne une trempe plus virile et qui corrige de plus d’un défaut.

Les einjährigen qui aspirent à devenir officiers dans la ligne ou dans la landwehr reçoivent une instruction particulière. Après six mois, quand ils connaissent à fond l’école de peloton, ils peuvent être promus au grade de caporal, et alors ils sont préparés à exercer les fonctions d’officier. L’année expirée, une commission les examine sur tous les détails du métier, oralement, par écrit et sur le terrain. La commission soumet le rapport au corps des officiers, lequel juge de l’aptitude, de la conduite, du degré d’instruction des volontaires. Ceux qui sont agréés peuvent être nommés sergens et bientôt passer officiers soit dans l’armée active soit dans la landwehr, s’ils rentrent dans la vie civile. Les jeunes gens de la noblesse restent fréquemment dans l’armée, les autres fournissent à la landwehr les officiers dont elle a besoin. Après leur année de service, les volontaires ne sont point définitivement libérés : en cas de mobilisation, ils sont rappelés sous les drapeaux. L’institution que nous venons de décrire offre de nombreux avantages. Elle fournit à l’état un certain nombre de soldats instruits qui ne lui coûtent absolument rien, et qui forment une pépinière d’officiers pour l’armée active et pour la landwehr. Elle réconcilie avec