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il attendre toutes ces échéances pour savoir si la société, au moyen de l’accumulation des intérêts, a gagné ou perdu dans ses opérations ? Faudra-t-il faire un compte particulier pour chaque assurance ? Mais à quelle époque reculée remettrait-on la constatation des bénéfices, et comment ferait-on participer chaque associé nouveau au bénéfice laissé par ses prédécesseurs ? La règle admise est des plus simples, des plus équitables, et précisément parce qu’elle s’appuie sur les tarifs, corrige le vice qui résulterait de l’exagération de ces mêmes tarifs. Tous les deux ans d’ordinaire une ventilation est faite de tous les contrats d’assurances : on remarque par exemple qu’un individu assuré à l’âge de 30 ans pour un capital de 100,000 francs payable à son décès s’est engagé à verser une prime annuelle de 2,490 francs ; il poursuit cette opération depuis 10 ans, et il en a 40. S’il s’assurait à cet âge pour le même capital, c’est non pas une prime de 2,490 francs qu’il verserait, mais bien de 3,280 francs par an. La compagnie qui lui garantit 100,000 fr. est donc dans une moins bonne position que 10 ans auparavant, puisqu’elle ne reçoit que la prime de 30 ans alors qu’elle court le risque d’un quadragénaire ; mais elle a reçu pendant 10 ans des primes accumulées et productives d’intérêt : or voici le calcul qui se fait. La prime de 2,490 fr. payée par un homme âgé de 40 ans ne correspond plus à un capital de 100,000 francs payable à son décès, elle correspond à une somme de 76,000 francs. Comment couvrir cette différence de 24,000 francs ? Au moyen d’un versement unique simulé. 11,126 francs une fois payés suffisent à garantir le paiement de 24,000 francs au décès d’un homme qui contracte à l’âge de 40 ans. Dans l’exemple indiqué, la compagnie prélève sur l’ensemble des primes versées par le contractant de puis 10 ans, accrues des intérêts, cette somme de 11,126 francs dont elle forme une réserve : le surplus constitue les bénéfices et peut être réparti. Plus les tarifs sont élevés, plus la réserve est forte et plus les bénéfices sont importans. La prospérité des compagnies est ainsi liée à celle des assurés ; en outre l’utile emploi des réserves, la gestion des valeurs mobilières et immobilières constituent de nouvelles sources de profits auxquels les assurés participent encore. Le portefeuille et la liste des immeubles appartenant à nos principales sociétés d’assurances offrent la preuve éclatante d’une bonne administration.

Un autre élément de gain consiste dans le rachat des assurances. Il faut bien le reconnaître, nos habitudes ne témoignent pas plus de persévérance que d’entrain en ces opérations. Rarement on va jusqu’au bout, c’est-à-dire rarement on paie pendant la vie entière la prime souscrite. Souvent on s’interrompt : dans ce cas, le capital versé n’est pas perdu ; au décès de l’assuré, la compagnie dit