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L’observation du cratère de Kaméni-Pétra conduit encore à d’autres considérations. Les laves qui en constituent la paroi diffèrent beaucoup sous le rapport de la composition chimique de celles qui ont été vomies à peu près dans le même temps par le Vésuve et l’Etna. Elles sont surtout beaucoup plus riches en silice et moins ferrugineuses. Un seul et même bain de matières fondues ne peut donc avoir alimenté à la fois les volcans de l’Italie et ceux de la Grèce, et il est impossible d’admettre une continuité parfaite dans tous les points de la nappe incandescente qui repose au-dessous de l’écorce terrestre. La matière en fusion ne forme donc une mer de feu continue que dans les parties les plus profondes ; il existe dans la zone superficielle une série de canaux séparés par des intervalles solides. L’enveloppe rigide du globe terrestre présente ainsi sur la face interne des vallées et des montagnes comme celles qui rident la surface extérieure, et de larges saillies isolent plus ou moins complètement les diverses parties du liquide embrasé.

On doit encore noter que la lave de Kaméni-Pétra est identique à celle des hautes cimes de Méthana, malgré les milliers d’années et peut-être de siècles écoulés dans l’intervalle de temps qui sépare les époques où elles ont apparu à la surface du sol. Les roches de Santorin donnent lieu à une remarque semblable : la matière des anciennes coulées de l’île, qui sont bien antérieures aux temps historiques, est chimiquement presque identique à celle des roches de l’intérieur de la baie, dont la naissance est pour ainsi dire toute récente. La lave de 1866, celle de Néa-Kaméni émise de 1707 à 1712, celle de 1573, qui constitue Micra-Kaméni, et celle qui, 196 ans avant Jésus-Christ, a engendré Palæa-Kaméni, enfin les roches anciennes de Santorin, contemporaines des derniers âges géologiques, ne présentent entre elles aucune différence essentielle sous le rapport de la composition. Ainsi donc à Santorin, de même qu’à Méthana, le bain incandescent d’où provient la matière des éruptions successives n’a pas sensiblement changé depuis une époque fort reculée. Les laves des volcans de l’Italie au contraire ont éprouvé avec le temps des variations notables dans les proportions des principes qui les constituent. Qu’en faut-il conclure, sinon que ces volcans ont vieilli, que le foyer qui les alimente devient de