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haute température, une couche fluide incandescente, une enveloppe solide relativement peu épaisse. Ces trois régions successives sont très inégalement connues. L’enveloppe externe, offrant un vaste champ à l’observation directe, est de mieux en mieux étudiée chaque jour. La structure et la composition des roches qui la constituent, la disposition, la nature et la position relative des débris organiques qu’on y rencontre, sont l’objet incessant des travaux d’un grand nombre de savans distingués. On sait qu’elle est formée de vastes plaques accolées comme les pièces d’une mosaïque et plus ou moins intimement soudées. Les chaînes de montagnes et les autres grands accidens physiques représentent sur la surface extérieure les lignes de fracture ou de séparation de ces larges compartimens, qui affectent une certaine symétrie géométrique. Ainsi donc, malgré la faible profondeur à laquelle il est possible de pénétrer dans le sol en un point donné, on peut dire que l’écorce terrestre est assez bien connue aujourd’hui. Nous ne possédons au contraire aucune donnée, je ne dirai pas certaine, mais probable sur la composition chimique des matières qui forment le noyau central. La température, les dimensions exactes, la loi de variation de la densité de ce noyau sont autant de problèmes restés sans solution. Nous n’avons donc que des notions bien vagues sur la masse principale de la terre. Quant à la couche intermédiaire, les matières qui la composent ont été pendant la longue durée des siècles souvent chassées au dehors par les crevasses de l’enveloppe extérieure, et elles nous fournissent de précieux documens sur la composition qu’a présentée en divers points et à diverses époques la nappe incandescente qui alimente cet écoulement. Tous ces produits ignés, qu’ils soient anciens ou modernes, sont essentiellement constitués par des silicates. Les silicates dominent donc d’une manière générale dans la masse en fusion sous-jacente à la croûte terrestre ; mais il n’en faudrait pas conclure que le liquide incandescent qui la compose soit partout homogène. Malgré les marées souterraines qui l’agitent et le brassent, il offre des couches de densité et de composition diverses. Dans beaucoup de volcans en effet, la composition des laves a varié avec le temps, et dans ce cas on trouve toujours que les laves anciennes contiennent plus de silice que les laves plus récentes ; celles-ci en revanche présentent une densité plus considérable, et sont plus riches que les premières en magnésie et en oxyde de fer. Cette variation dans la nature des produits en fusion rejetés par un même volcan conduit à admettre une variation correspondante dans la composition du fluide igné qui les fournit, les couches les plus profondes étant plus denses et plus ferrugineuses, celles qui les surmontent étant plus siliceuses. Cette séparation d’un liquide hétérogène en couches d’inégale densité est un fait général bien connu des chimistes et des métallurgistes. On le désigne sous le nom de liquation ; il se produit souvent avec une grande facilité. On l’observe presque constamment quand on opère la fusion d’un alliage métallique, et dans