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même plus à 1 million de francs depuis 1863. L’un des derniers jardins de cannelliers de l’île, celui de Wak-Wallak, près de Pointe-de-Galle, est presque passé à l’état de curiosité historique et visité comme tel par les voyageurs. Une autre source de richesse semble également tarie, au moins pour le moment : c’est la pêche des huîtres perlières, qui se pratiquait de temps immémorial sur la côte nord-ouest de l’île, de Negombo à Manaar. Elle avait cependant encore rapporté 1,275,000 francs de droits en 1863; mais en 1864, soit que les pêches précédentes eussent dépassé la mesure, soit pour tout autre motif, on eut le regret de constater que les bancs étaient veufs du précieux coquillage, et il n’y a pas reparu. Ce double mécompte trouva heureusement une ample compensation dans le développement prestigieux que les Anglais surent donner à la production du café. Les visées de leurs prédécesseurs n’avaient pu se tourner de ce côté, parce qu’ils n’étaient pas maîtres de la partie centrale de l’île, la seule où le sol se prête avantageusement à cette culture. La Grande-Bretagne s’en empara en 1815; dès 1825, le gouverneur de la colonie, sir Edward Barnes, comprit que l’avenir était là, et il donna l’impulsion en établissant sur ses terres, à Gangaroowa, la première plantation un peu importante du pays. L’exemple fut rapidement suivi; toutes les montagnes autour de Kandy ainsi que la plupart des grandes vallées de l’intérieur se couvrirent de champs de café, et pendant plusieurs années on vendit par an jusqu’à 20,000 hectares de terres domaniales qui étaient aussitôt défrichées. Les circonstances favorisaient cet élan : en même temps que la métropole réduisait notablement les droits d’importation, la concurrence des autres pays producteurs se trouvait paralysée par l’émancipation et par l’abolition de la traite des noirs, alors que Ceylan au contraire recevait incessamment de l’Inde de nouveaux renforts de travailleurs[1], si bien que l’exportation s’y éleva d’année en année jusqu’à représenter en 1863 une valeur de 53 millions de francs. Jamais la cannelle n’avait donné si belle moisson, et on n’en restera pas là, à en croire les prophéties des colons, qui pré- tendent arriver dans un terme assez rapproché à produire par an 100,000 tonneaux de café, valant plus de 125 millions de francs. La récolte moyenne du Brésil est de 125,000 tonneaux par an; elle est restée à peu près stationnaire dans ces derniers temps. Celle de Java, qui semble être en décroissance, est de 57,000 tonneaux. L’ensemble des récoltes annuelles de tous les pays producteurs du globe est évaluée à 350,000 tonneaux. Il serait injuste ne pas comprendre dans cette énumération l’arbre chéri du Singhalais, le pré-

  1. En 1858, il en est arrivé 96,000 et reparti 50,000; en 1864, 82,000 et 67,000.