Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 67.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des laves. Toutefois, si l’on peut considérer ce fait comme étant acquis désormais à la science, on ne connaît point encore les voies secrètes par lesquelles l’eau salée pénètre dans les abîmes souterrains pour se changer en vapeur et remonter ensuite par les soupiraux des volcans.

Qu’on admette en effet l’accroissement constant et régulier de la température des eaux engouffrées dans les abîmes souterrains communiquant avec la mer : à 3,000 mètres de profondeur, elles auront une chaleur de 100 degrés, mais elles ne se transformeront point en vapeur; l’énorme pression qu’elles ont à subir les retiennent à l’état liquide. D’après certains calculs, qui reposent eux-mêmes sur diverses données hypothétiques, c’est au plus à 15 kilomètres au-dessous de la surface du sol que la force d’expansion de l’eau aurait assez d’énergie pour équilibrer le poids des masses liquides supérieures et se vaporiser tout à coup; mais cette vapeur, pourquoi se promènerait-elle sous les assises terrestres et les soulèverait-elle en cônes volcaniques, alors que, par l’effet naturel de sa victoire sur la pression des colonnes d’eau qui la surmontent, elle devrait tout simplement rejaillir vers le fond de la mer d’où elle est descendue? C’est là une question à laquelle il paraît bien difficile de répondre dans l’état actuel de la science, et l’un des principaux mérites des géologues consiste à reconnaître modestement leur ignorance à cet égard. Les découvertes de la physique et de la chimie, qui nous ont révélé l’incessante activité de la vapeur d’eau dans les éruptions volcaniques, nous expliqueront sans doute un jour de quelle manière s’exerce cette activité dans les roches souterraines; mais actuellement les phénomènes qui s’accomplissent dans l’intérieur de notre planète ne nous sont guère mieux connus que l’histoire des volcans lunaires. Seulement on peut considérer désormais comme établi que les cônes des volcans ne se forment point par une sorte de boursouflure du sol, ainsi que le pensaient de Humboldt et Léopold de Buch. Un des grands argumens sur lesquels reposait leur hypothèse était l’apparition du Jovello se dressant tout à coup à 500 mètres de hauteur ; mais cette soudaine naissance du volcan mexicain n’est qu’une légende indienne, et cette légende ne se soutient pas devant les observations géologiques faites par divers naturalistes depuis le voyage de Humboldt. Les témoignages recueillis dans l’ouvrage de M. Boscowitz ne peuvent laisser aucun doute à cet égard.


II.

Si le regard de la science ne peut encore discerner comment la pression des vapeurs emprisonnées fracture le sol pour rejeter au dehors les laves et les cendres, on ne saurait expliquer davantage comment cette même pression secoue le sol dans les tremblemens de terre. Grâce aux instrumens qu’ont inventés et perfectionnés les observateurs, il est possible maintenant de mesurer l’amplitude et la vitesse des ondulations concentriques produites par chaque secousse : dans certaines circonstances, on peut