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la terre le froid est de 5,000 degrés. La partie superficielle du globe, que traversent incessamment des courans magnétiques se dirigeant de pôle à pôle et dans laquelle s’élaborent tous ces phénomènes de la vie planétaire qui modifient sans relâche le relief et la forme des continens, doit sans aucun doute se trouver, pour le développement de la chaleur, dans des conditions particulières. La minceur de l’enveloppe terrestre n’est donc rien moins que prouvée par l’accroissement graduel de la température dans les puits de mine et les sources.

Déjà Cordier, frappé par toutes les objections qui se présentaient à son esprit relativement à la ténuité de la pellicule terrestre, admettait que cette enveloppe ne peut être stable à moins d’avoir de 120 à 280 kilomètres d’épaisseur. Récemment M. W. Hopkins, en soumettant à des calculs de haute mathématique les élémens fournis par les phénomènes de la précession et de la nutation terrestres, est arrivé à un résultat encore bien plus contraire à l’hypothèse en vogue : il a trouvé qu’avec ou sans feu central la planète serait animée de mouvemens périodiques tout différens, si la partie solide de l’écorce n’avait de 1,300 à 1,600 kilomètres, c’est-à-dire du quart au cinquième du rayon terrestre. M. Thomson établit par d’autres calculs que, si la terre avait seulement la solidité du fer et de l’acier, les marées et la précession des équinoxes n’auraient pas l’importance qu’elles ont actuellement. M. Emmanuel Liais, reprenant toutes ces recherches, affirme qu’en vertu des phénomènes astronomiques la solidité de la planète est irrécusable. Il est donc permis de croire, sans se prononcer encore d’une manière absolue, qu’il n’existe point de feu central, qu’il existe seulement des lacs de matière incandescente, épars en diverses parties de la planète à une faible distance de la surface, et séparés les uns des autres par des piliers de roches solides. C’est l’hypothèse qui semble à M. Hopkins, comme à Sartorius de Waltershausen, l’historien de l’Etna, s’accorder le mieux avec les phénomènes volcaniques.

Tout en admettant l’existence de ces lacs ou méditerranées de laves, il est difficile de s’imaginer comment ces matières bouillonnantes peuvent s’élever des profondeurs, ramollir, fracturer l’écorce solide et s’échapper enfin, soit en dômes visqueux, soit en longs courans fluides. On sait, il est vrai, d’une manière certaine que l’eau joue un rôle très important dans les éruptions volcaniques, car les énormes volutes de nuages qui s’échappent presque constamment des cratères en activité se composent, au moins pour les 999 millièmes, de vapeur d’eau, et ce sont elles qui, en s’élançant du fond des abîmes, soulèvent des tourbillons de cendres et des blocs de scories. En outre les analyses chimiques de MM. Sainte-Claire Deville et Fouqué ont prouvé que tous les sels et les gaz rejetés par les éruptions sont identiques à ceux qui se formeraient par la décomposition de l’eau marine. On est donc en droit d’admettre, du moins pour les volcans qui se dressent au bord des mers, que l’eau de l’océan transformée en vapeur agit d’une manière directe dans les phénomènes de l’ascension et de l’expulsion