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vient vient à en remiser onze; vingt-six passent la nuit dans les cours; les vingt-cinq autres sont gardées par tolérance dans les gares des chemins de fer. Les éventualités exigent qu’on ait toujours au moins quarante chevaux sous la main; l’écurie de la poste peut en contenir dix-huit; je l’ai visitée, un dix-neuvième n’y trouverait pas sa place.

De tout il en est ainsi; le résultat de l’exiguïté du local amène fatalement l’encombrement; les hommes et les dépêches sont en nombre beaucoup trop considérable dans un espace beaucoup trop restreint. Il a fallu obvier à cet inconvénient, qui menaçait d’entraver complètement le service et de paralyser des efforts sans cesse renouvelés. C’est alors qu’on a été forcé de donner aux bureaux ambulans une partie du travail qui normalement incombe au bureau central. Or le travail qu’on exécute en chemin de fer, dans une caisse étroite, avec une trépidation que rien n’arrête, avec la préoccupation constante d’avoir terminé avant la minute réglementaire, ce travail est nécessairement défectueux et amène souvent des irrégularités regrettables dont la responsabilité remonte à l’administration, quoiqu’elle ait fait le possible et l’impossible pour les éviter. Les erreurs commises par la poste sont bien rares, mais on les diminuerait encore, et on arriverait à les réduire à néant, si de vastes salles au rez-de-chaussée, desservies par des railways, offraient aux agens chargés de tant de manipulations délicates et rapides un emplacement convenable et en rapport avec leurs besoins. Est-ce par économie qu’on ne construit pas à Paris un hôtel des postes digne enfin de la capitale de la France? Je ne le crois pas, car la somme dépensée depuis cinquante ans pour ajouter des. appendices aux bâtimens actuels, pour remanier ces derniers et les disposer à des appropriations impérieusement exigées, aurait suffi à édifier un hôtel des postes modèle, armé d’un outillage sérieux et vraiment fait pour l’énorme mouvement de correspondances dont il est le centre.

En 1798 et en 1811, l’abandon de l’hôtel de la rue Jean-Jacques Rousseau avait déjà été décidé en principe. Le ministère actuel des finances a été élevé avec l’intention d’y placer l’administration des postes. En 1854, on a dû l’établir place du Châtelet, mais deux théâtres ont obtenu les terrains qui lui étaient réservés; d’autres projets ont été mis à l’étude, le public les connaît, je n’ai point à en parler, non plus que des causes qui les ont fait ajourner. Quand la transformation de Paris atteindra-t-elle enfin l’hôtel des postes? La situation actuelle crée des difficultés que chaque jour vient accroître. L’homme éminent qui dirige aujourd’hui les postes avec une ardeur et une connaissance approfondie de son sujet aux-