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combré de la façon la plus gênante par tous ces colis qui tiennent beaucoup de place, exigent une manipulation plus délicate, et entraînent une perte de temps précieux. La poste succombe littéralement sous l’encombrement des lettres, des journaux, des imprimés ; il serait utile, dans son propre intérêt, qui est celui du public tout entier, de la débarrasser d’un surcroît de travail qui trouverait mieux son emploi ailleurs.

Si je blâme les facilités abusives accordées au transport des échantillons, je ne puis qu’approuver les efforts accomplis pour rendre les mandats d’articles d’argent accessibles à tout le monde. Par l’abaissement successif des droits dont ils sont frappés, on est arrivé à les mettre à la disposition des bourses les plus pauvres. La loi du 2 juillet 1862 a abaissé de 2 à 1 pour 100 le droit de transmission ; de plus la loi du 2 juin 1864 a réduit le droit de timbre de 50 à 20 centimes : aussi dans l’année 1865 l’administration des postes a émis 4,124,556 mandats, qui représentent une somme totale de 120,236,788 francs. Il est facile de faire comprendre à quel point ce service est utile aux petites gens en disant que 13,490,340 fr. ont été expédiés en 1,798,712 mandats de 10 fr. et au-dessous. Du reste, les sommes envoyées de cette manière ne sont jamais très considérables, et le mandat le plus élevé dont on ait conservé le souvenir était d’une valeur de 30,000 francs ; venu de Constantinople, il fut touché à Paris le 11 juin 1863. En 1865, on a compté 5 mandats pour une somme de 33,930 francs 20 centimes, ce qui donne un peu plus de 6,000 francs par mandat. Mais, comme l’on sait, la poste se charge aussi de transporter des valeurs déclarées moyennant une prime d’assurance qui est de 1/10e pour 100 ; elle ne reçoit pas de déclaration au-dessus de 2,000 fr., et c’est la somme maxima qu’elle est autorisée à restituer en cas de perte. Lorsque nous nous sommes enquis du motif qui avait fait limiter à 2,000 francs la somme la plus élevée que la poste consentait à transporter dans une lettre, il nous a été répondu qu’elle voulait, par ce moyen, éviter de tenter la cupidité de ses agens. En 1865, 1,298,816 lettres contenant 775,824,000 francs de valeurs déclarées ont été enregistrées à l’administration. Ce total est considérable, et cependant il n’est rien en comparaison des valeurs contenues dans les lettres chargées, valeurs qui ne sont soumises à aucune déclaration préalable, et qui, d’après un calcul approximatif, s’élèvent à plus de 3 milliards. Ce chiffre, rapproché du total des mandats et des valeurs déclarées, prouve que la poste transporte annuellement environ à milliards de francs. De telles richesses peuvent tenter bien des agens pauvres, j’en conviens ; mais la surveillance est perpétuelle. À la fois occulte et patente, elle s’exerce