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une divinité secourable, dont la lueur entretient en l’absence du soleil l’éternité du jour sur l’heureuse ville des Atlantes.

Cependant la politique de Satourann s’accorde mal avec le célibat imposé à sa fille. Dès que la reine est morte, il déclare à la ziris qu’elle ait à faire choix d’un époux parmi les plus puissans rois ses alliés. De grandes fêtes sont ordonnées, tous les chefs des nations environnantes y sont conviés. Les prétendans arrivent au milieu de bizarres splendeurs. L’un offre à la ziris cent coursiers anoplothères, portant chacun un collier d’or ; un autre cent mammouths à longs poils, montés par des sagittaires qui sèment l’épouvante ; un troisième croit lui plaire en lui montrant ses cent concubines couronnées de fleurs.

Mais un autre a touché le cœur d’Hemla, c’est le Gète aux cheveux roux, Némeith le monothéiste, le preux, le chevalier des temps primitifs, celui qui ne possède rien que la confiance et l’amour de sa tribu, et qui, pour tout luxe, a planté sur la table du festin l’emblème de sa race, un coq de bois peint en rouge au bout d’un bâton. Némeith rêve aussi de la ziris, mais il a juré amitié à Thor, le chef des Scythes, son frère d’armes. Ils ont bu le sang l’un de l’autre. Thor, emporté, farouche, s’est pris d’une violente passion pour la jeune Atlante, et Némeith le généreux a renoncé à elle.

Après le festin, la ziris doit déclarer son choix en envoyant une corbeille de feuilles de palmier à chacun de ses prétendans. Toutes ces corbeilles contiennent des cadeaux, une seule renfermera l’anneau des fiançailles, Thor ne trouve dans la sienne qu’une hache de fer, don précieux pour un homme qui ne connaît encore que la lame de pierre, mais dont il s’indigne comme d’un affront ; Némeith a reçu l’anneau, et, craignant la douleur de son ami, il a caché ce gage dans sa ceinture. Il retourne sa corbeille pour faire croire qu’elle était vide. — Que lui as-tu donc envoyé ? dit le Scythe jaloux à Hemla. — Ma haine, répond la princesse irritée.

Tous les prétendans se croient joués. Le noir Surtur, roi de Cos, Arhimaz, prince d’Our, le louche Kaïs, roi des Ombos, se querellent avec les Scythes et les Gètes. Thor veut enlever la ziris. On se bat, le sang coule. Les éléphans effarouchés foulent aux pieds les vases d’or et les femmes éperdues. Un personnage vénérable se présente, c’est le grand-mage qui prédit la colère céleste, c’est Xizouthros qui construit l’arche du salut. Il menace et commande. A sa voix, tout se calme ou se tait.

Dans la nuit, Hemla voyant son père décidé à la contraindre pour qu’elle épouse le noir Surtur, prend la fuite et tombe dans les mains de Thor, qui l’enlève ; le Gète est avec eux.

Poursuivi, on se réfugie sur les montagnes d’Our. Après mille dangers et mille désastres, la ziris se trouve seule sous la protection du coq aux cheveux d’or, et plus que jamais elle l’aime et se sent aimée ; mais ils ne peuvent être l’un à l’autre : Némeith respecte le serment de l’amitié, et le dieu Ptah, jaloux de sa fiancée, secoue la terre, déchaîne les vents, vomit des monstres et apparaît sous la forme d’un cône de laves ardentes qui