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tagnes d’élévation médiocre, dont les pentes sont en partie cultivées; chaud et humide sur le littoral, le climat devient frais et tonique dès que l’on s’avance vers les hauteurs : aussi les négocians n’ont ici encore que leurs comptoirs à la ville ; leurs bungalows, bâtis au milieu de jardins, couronnent le sommet des collines qui environnent le port. L’air passe pour y être si sain qu’il y vient en convalescence des fonctionnaires ou officiers de l’armée des Indes épuisés par les chaleurs du Bengale.

La colonie de Penang n’eût jamais été que peu de chose, si elle avait été réduite à elle-même; mais au commencement du siècle les Anglais firent un nouveau marché avec le rajah de Quédah. Inquiétés par les incursions des pirates malais qui avaient pris pour lieu de refuge et de rendez-vous l’une des rivières les plus voisines de la péninsule, ils conclurent avec ce chef indigène un nouveau traité en vertu duquel celui-ci leur abandonnait toute souveraineté sur une large portion de la côte. Cette annexe, baptisée du nom de province Wellesley, fut bientôt envahie par les cultivateurs, et c’est aujourd’hui la plus féconde des trois colonies. Le sol est un riche dépôt d’alluvion qui convient à merveille aux céréales, de même qu’aux plantes des pays chauds. La température est uniforme, les pluies sont fréquentes; en temps de sécheresse, des rosées abondantes y suppléent. De plus le pays renfermait une population indigène nombreuse, active et docile, si bien que les Européens n’étaient pas embarrassés de trouver la main-d’œuvre à bon marché pour diverses cultures, telles que le riz, le poivre et la noix de bétel, qui ne réclament ni beaucoup de capital ni une grande habileté. Des rivières d’un volume d’eau considérable arrosent cette province et permettent aux navires d’un assez fort tonnage d’aller prendre à l’intérieur les produits du sol. Des routes y ont d’ailleurs été créées, au grand profit des cultures qui s’étendent partout où des voies de communication permettent de pénétrer.

Le riz est le produit le plus abondant que fournisse la province de Wellesley, quoique le poivre, le cacao et le tapioca y soient aussi récoltés en quantité considérable. La muscade, qu’on y a introduite en même temps qu’à Singapore, n’y a pas mieux réussi; les plantations ont dépéri au bout de quelques années. Le coton y vient bien, mais prend peu d’extension. La culture la plus avantageuse est la canne à sucre, que les Européens exploitent sur une large échelle depuis une vingtaine d’années. Les Chinois avaient reconnu depuis longtemps que cette plante prospère sur les terrains bas de la péninsule malaise; mais ils ne savaient en extraire le sucre que par des procédés très imparfaits. Les Anglais ont établi des usines aussi perfectionnées que celles qui existent aux Antilles; presque