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retomba par la suite sur la tête de Flamsteed. Lui-même n’eut point la consolation de voir son œuvre terminée ; il descendit dans la tombe en 1719 avant que le second et le troisième volume de l’Historia cœlestis ne fissent revivre sa mémoire[1]. Il avait dirigé le nouvel établissement durant près d’un demi-siècle, il y avait dépensé 2,000 livres sterling (50,000 francs) de son argent, et ses travaux seront toujours considérés en Angleterre comme le point de départ de l’astronomie moderne. C’est lui bien plus encore que Charles II qui a fondé l’observatoire de Greenwich.

Halley, illustre par des voyages entrepris pour l’avancement des sciences, par un travail sur les comètes et l’étendue de ses connaissances en ce que les Anglais appellent la philosophie naturelle, avait soixante-quatre ans quand il fut nommé astronome royal, et il mourut en 1742. Bradley, qui lui succéda, est à jamais célèbre par deux des plus belles découvertes que l’on ait faites en astronomie, l’aberration de la lumière et la nutation de l’axe de la terre. En 1749, il fit monter dans l’observatoire de Greenwich de nouveaux instrumens astronomiques, et de l’année suivante (1750) date la série d’expériences et de calculs qui caractérisent vraiment cette institution. Enfin il a laissé un immense recueil d’observations de tous les phénomènes que le ciel a présentés vers le milieu du dernier siècle, durant près de dix années consécutives. Après sa mort, la direction des travaux passa entre les mains de Nathaniel Bliss, puis du docteur Nevil Maskelyne, auteur de quatre volumes, dont il a été dit par Delambre que « si par suite d’une grande révolution toutes les sciences venaient à se perdre, à l’exception de ce recueil, on y trouverait des matériaux suffisans pour reconstruire l’édifice de l’astronomie moderne. » Maskelyne fut suivi par John Pond, qui mourut en 1835, et que remplace à Greenwich le présent astronome royal, M. Airy[2].

La résidence de tant d’hommes célèbres inspire naturellement une sorte de respect. M. Airy me conduisit d’abord dans ce qu’on appelle la chambre octogone (octogonal room), et où se trouvent les portraits de tous les astronomes renommés. C’est une très belle salle qui occupe le premier étage au-dessus des appartemens du rez-de-chaussée, et qui fut construite d’après les dessins de Christophe Wren. Percée de hautes fenêtres et décorée d’arabesques d’un grand style, cette pièce, qui formait à l’origine presque tout

  1. L’impression fut surveillée après la mort de Flamsteed par son assistant Joseph Crosthwaite et par Abraham Sharp, qui a attaché son nom à plusieurs instrumens très remarquables pour l’époque où il vécut.
  2. Professeur à l’observatoire de l’université de Cambridge, M. Airy s’était déjà fait connaître par des travaux remarquables.