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d’une joie bruyante se prolongent jusqu’au soir, tandis que, debout au milieu du parc, sur la crête de la colline, le grave et studieux observatoire attend en silence la visite des astres.

La façade de l’édifice est un pavillon en briques rouges du temps de Charles II avec des reliefs et des enroulemens de pierre. Ce n’est point du tout sur un pareil modèle qu’on construirait aujourd’hui un observatoire, et pourtant cette œuvre d’architecture, sans être très belle, a du moins un caractère assez pittoresque. Un rez-de-chaussée flanqué de deux basses tourelles carrées recouvertes d’une flotte de zinc, un premier étage percé de trois fenêtres, une terrasse en guise de toit que décorent de chaque côté deux minces clochetons, tel est l’aspect général des bâtimens vus du côté de la Tamise. Un mur d’enceinte qui masque à demi la base de l’édifice règne tout autour des terrains consacrés à la science. L’observatoire de Greenwich a cela de commun avec Horace qu’il hait le profane vulgaire et qu’il le tient à distance. Les curieux n’y sont point admis, et pour franchir le seuil il faut une permission toute particulière de l’astronome royal, laquelle s’accorde rarement. Ayant néanmoins obtenu cette faveur, je sonnai un matin vers dix heures (c’est le moment fixé pour les visites) à une humble porte découpée dans le mur d’enceinte qui fait retour sur lui-même en tournant de la terrasse sur la grande allée du parc. D’après un usage consacré par le temps, le portier de l’observatoire est un pensionnaire de l’hôpital de Greenwich, c’est-à-dire un ancien marin. Il me fit entrer dans une cour en face de laquelle s’élève de profil la partie la plus vieille de l’édifice, et d’où une légère voûte de tôle appuyée sur des tiges de fer, servant à la fois de passage et de couvert contre la pluie, conduit aux appartemens privés du savant qui gouverne l’institution. Sur la droite de la cour végètent quelques arbres, tandis que sur la gauche se développe une série de bâtimens très peu élevés dont le plus ancien ne remonte guère plus loin que cent vingt-cinq années, et dont les autres ont été ajoutés à des époques plus récentes à mesure que s’accroissaient les instrumens ou que s’étendaient les besoins du service. Le caractère officiel de ces bâtimens modernes se trouve indiqué à l’extérieur par une rampe de fer qui les entoure. C’est là que s’ouvre le cabinet de travail de l’astronome royal, M. George Biddell Airy. J’entrai donc dans une chambre bien éclairée, dont les murs se montrent couverts de cartes, de gravures, de portraits photographiques de la lune et de la fameuse comète de Donati, qui parut en 1858. M. Airy est un homme de