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La convention du 18 septembre. C’est au mois de décembre que va cesser la présence de la France armée à Rome. Le pouvoir pontifical va se trouver seul en face des sujets qui lui sont restés. Une petite légion de volontaires français s’est jointe aux troupes du pape. Cette légion, qui n’est point une force, est exposée à devenir un embarras ; la lettre écrite à son chef par notre ministre de la guerre et le discours qui lui a été adressé par le général d’Aurelle ne sont point de nature à diminuer les difficultés que cette lésion peut rencontrer dans son séjour à Rome. Quoi qu’il en soit, la politique habile pour les patriotes et le gouvernement de l’Italie est de ne point exagérer ces difficultés et d’apporter dans l’exécution de la convention de septembre des dispositions patentes. La question qu’il s’agit maintenant de résoudre à Rome est une question de force morale et non de force brutale. Il faut donner à la cour de Rome le temps de s’accommoder à la nouvelle posture des choses et la laisser arriver naturellement au rétablissement des relations avec le gouvernement italien. La cour de Rome n’ayant plus dans son gouvernement temporal l’appui de troupes étrangères, sera bien forcée de se prêter à la longue aux nécessités des temps. Un grand acte de rénovation religieuse s’apprête ainsi solennellement dans la ville éternelle. Le gouvernement spirituel du catholicisme transformera inévitablement ses institutions organiques. Rome se trouvant placée politiquement sous l’influence du royaume d’Italie, l’organisation de l’autorité spirituelle ne pourra plus se conserver dans les conditions qui avaient été adoptées en vue de l’intérêt du principat temporel. Le sacré-collège ne pourra plus être formé aux trois quarts de cardinaux italiens, la tiare ne devra plus être conférée exclusivement à un cardinal péninsulaire ; toutes les provinces du monde catholique auront droit à être représentées dans une proportion plus conforme à leurs populations respectives dans le gouvernement spirituel de l’église romains. Les concordats, dans cette nouvelle ère, ne tarderont point à être abandonnés comme de vieux traités en déchéance. Toute pactisation entre les pouvoirs temporels et le pouvoir spirituel deviendrai sans objet. L’église catholique en tout pays n’aura à chercher les légitimes garanties de son indépendance que dans la liberté commune. Les clergés seront obligés de devenir revendicateurs de libertés générales, au lieu d’être des instrumens de règne. Les églises catholiques tendront à devenir partout ce qu’elles sont déjà à peu près en Angleterre et aux États-Unis. La profonde formule de M. de Cavour, l’église libre dans l’état libre, qui n’est point une utopie, puisqu’elle règne aux États-Unis et jusqu’à un certain degré dans l’empire britannique, devrai nécessairement être adoptée par tous. Il y a là dans les conditions matérielles de l’organisation ecclésiastique les signes et les éléments d’une profonde et salutaire révolution. C’est à l’Italie qu’est confiée la mission de déterminer cette révolution ; c’est elle qui est responsable du succès de cette expérience devant les peuples chrétiens. L’importance d’une œuvre si considérable