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Mais j’ai prié, j’ai combattu
Pour le triomphe de ton temple !

« J’ai béni ton nom redouté,
Confessé ta gloire profonde ;
J’ai bâti Versailles, ce monde
A l’instar de ma majesté !

« Tu me reproches La Vallière,
Les grossesses de Montespan,
Et mes débauches de sultan
Attirent sur moi ta colère !

« Mais ces péchés dont à tes pieds
J’ai tant pleuré l’ivresse infâme,
Dis, Seigneur, au fond de mon âme,
Ne les ai-je pas expiés ?

« Oui, que le malheur me visite :
J’ai trahi ton commandement,
Je fus luxurieux, gourmand,
J’ai vécu comme un parasite,

« Me gorgeant de cent biens divers ;
Partout le seul, partout le maître,
Partout absorbé dans mon être
Qui rayonnait sur l’univers.

« Mais, pour racheter tant de honte,
Tant de crimes par moi commis,
Seigneur, j’ai sur tes ennemis
Fait peser ma main lourde et prompte !

« L’édit de Nantes retiré,
L’hérésie, effroyable plaie,
Disparaissant comme une ivraie,
Du sol par le fer labouré ;

« Les dragonnades, les Cévennes,
L’âme sauvée à travers tous,
Tant d’efforts, de haine et de coups,
Seigneur, sont-ce là choses vaines ? »