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Vera-Cruz. Dès son arrivée, l’empereur concéda de nombreux privilèges pour la création de nouvelles lignes dans le centre de l’empire. Une société se constitua pour la continuation de la grande artère déjà commencée, s’engageant à presser les travaux. Depuis lors une seule voie de 10 kilomètres de longueur, pompeusement inaugurée, a été ouverte à la circulation : c’est celle de Mexico à San-Angel, le Saint-Cloud de la capitale. Encore faut-il tenir bon compte à la compagnie de cet effort ; les autres concessionnaires ont cherché à faire argent de leurs privilèges, et s’en sont tenus là. Quant aux lignes télégraphiques, elles ne peuvent résister à la guerre civile ; le fil de Mexico à Vera-Cruz est le seul qui fonctionne, celui de l’intérieur est sans cesse coupé.

L’industrie minière avait aussi donné de grandes espérances ; mais pour exploiter une mine il ne suffit pas d’y être autorisé. Une mise de fonds considérable, des ingénieurs, des ateliers de travailleurs, des machines, des amas de charbon, des provisions du mercure nécessaire à la séparation des métaux, sont indispensables. Sans sécurité dans le pays, sans routes pour les transports, pareille entreprise peut-elle être tentée ? Le Mexique passe à bon droit pour être très riche en mines, les gisemens argentifères y sont surtout nombreux ; mais les mines exploitées sont peu considérables, faute de bras et de capitaux, comparativement aux trésors qu’on pourrait extraire du sol. Il existe d’ailleurs en France une erreur très répandue, et qui à distance a fasciné bien des imaginations : on croit que la plupart des mines sont la propriété de l’état ; il n’en est rien. Les plus productives appartiennent à de puissantes compagnies anglaises à qui la république, dans des momens de crise financière, les a cédées moyennant redevance. Hors celles de Guanajuato, on peut dire que les mines les plus importantes ont été ainsi aliénées ; il nous suffit de citer celles de Pachuca, Real del Monte et del Oro. Voici donc une ressource restée bien inférieure aux espérances qu’on se plaisait à concevoir. On n’en retire que les droits de frappage ou de poinçon dans les monnaies, et les droits d’exportation lorsque l’argent change de province pu sort du territoire. Les compagnies sont parfois obligées elles-mêmes d’abandonner une part de leur bénéfice aux guérillas qui consentent à entrer en composition pour laisser le passage libre aux conductas. Il y a donc grand lieu de craindre que les compagnies auxquelles on a récemment accordé des privilèges ne laissent dormir et même périmer la concession plutôt que de satisfaire aux conditions imposées et de se lancer, au milieu des circonstances actuelles, dans des travaux aussi aléatoires et aussi coûteux. Comme on le voit, l’industrie s’est peu développée, et ne pourra prendre d’extension