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ne pouvaient être employés utilement dans une campagne régulière contre un ennemi étranger.

Depuis quelques années, on a créé au collège de l’Uruguay une sorte d’école militaire destinée à former de jeunes officiers. Cette institution est encore à l’état d’essai. Les officiers qui commandent les gardes nationaux mobilisés sont choisis parmi eux, et n’ont probablement guère plus d’instruction que les soldats. La confédération ne possède ni arsenaux, ni fonderie de canons, ni manufacture d’armes. Le service de santé, celui des intendances ne sont pas organisés. C’est la charité privée à peu près seule qui a pris soin des malades et des blessés pendant la guerre. On a organisé, à Buenos-Ayres des quêtes en leur faveur, et sur le champ de bataille ce sont presque uniquement les chirurgiens attachés à l’armée brésilienne qui sont restés chargés des ambulances. Avec une organisation aussi imparfaite, l’armée absorbe pourtant plus de la moitié du budget de la république, environ 3 millions de piastres, c’est-à dire plus de 15 millions de francs. Il est vrai que, par une conséquence des guerres civiles et des changemens de gouvernement, le chiffre de l’état-major est énorme, et que la solde de ces officiers de tout grade, la plupart sans emploi, entre pour une très grande partie dans les dépenses militaires. Un message du vice-président de la république du 1er mai 1866 fixe à 25,000 le nombre des soldats argentins qui jusqu’à cette époque avaient pris part à la guerre. Cette allégation semble exagérée. Il ne paraît pas que le contingent argentin, qui eut, il est vrai, à pourvoir à d’assez fortes pertes, ait jamais dépassé 10,000 hommes ; il est actuellement bien au-dessous de ce chiffre.

Il n’existe pas de marine militaire. La confédération a simplement converti quelques vapeurs de commerce en navires de guerre assez mal armés. Elle a trouvé facilement des équipages parmi les nombreux mariniers, les Italiens surtout, qui font le cabotage sur les rives du Parana et de l’Uruguay ; Le rôle de cette flottille s’est borné à transporter des troupes et du matériel, et à exécuter quelques sondages.

La république orientale n’a pas, à proprement parler, d’armée régulière. Quelques centaines d’hommes seulement avaient été demandés sous les gouvernemens précédens aux engagemens volontaires. Le budget de la guerre est pourtant relativement considérable, mais il sert surtout à entretenir un nombre exorbitant d’officiers sans troupes. La garde nationale mobilisée fournit seule les éléments de l’armée. Elle fut réorganisée par un décret du général Florès du 8 mai 1865. Les mêmes défauts qui viennent d’être signalés pour Buenos-Ayres se retrouvent à Montevideo. Toutefois le