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avec peine le changement de vie et de climat. Le corps de santé de l’armée et les hôpitaux semblent assez bien organisés. Ce service entrait dans le budget de 1863-1864 pour 1,600,000 francs environ. Des chirurgiens militaires sont attachés à chaque corps. L’intendance, établie sur le modèle de l’intendance française, fonctionne régulièrement. Ces élémens réunis ont permis au Brésil d’envoyer successivement du mois de décembre 1864 au mois de juillet 1866, et sans dégarnir complètement les provinces, plus de 50,000 hommes sur le théâtre de la guerre, dont, à vrai dire, il a supporté à peu près tout le poids.

La marine brésilienne offrait, au commencement des hostilités, des ressources plus immédiatement disponibles ; c’est le concours de la flotte qui a seul permis de poursuivre la lutte. En 1862, elle se composait de 60 navires, 31 à voiles et 29 à vapeur. Le budget, y compris les frais d’administration, était fixé à 19 millions de francs environ, dont 3,500,000 francs pour la réserve des arsenaux, et 5,977,632 francs pour l’amélioration et l’entretien du matériel. Ce dernier chiffre a progressivement augmenté dans les deux budgets suivans. Depuis le conflit avec l’Angleterre, le gouvernement brésilien a en effet cherché à transformer rapidement son matériel. Le nombre des navires à vapeur s’est accru ; des bâtimens cuirassés, corvettes ou avisos, ont été commandés en France et aux États-Unis ; les chantiers de Rio ont mis eux-mêmes à flot une corvette cuirassée. Depuis le commencement de la guerre, ces mêmes chantiers ont fourni cinq autres bâtimens cuirassés d’un faible tirant d’eau, construits spécialement pour la navigation des fleuves. Les forêts du Brésil fournissent les matériaux nécessaires. aux constructions navales, mais le manque de voies de communication en rend l’emploi assez difficile. Ce sont toujours les conditions, physiques et la disproportion entre le nombre des bras et l’étendue du territoire qui, au point de vue politique comme au point de vue militaire, s’opposent à la mise en œuvre des ressources dont l’empire dispose. Au commencement de 1865, la flottille employée dans les rivières contre le Paraguay se composait de 17 chaloupes canonnières, dont 4 cuirassées, montées par 4,000 marins environ et armées de 77 bouches à feu.

Les ressources militaires de la confédération argentine sont fort inférieures à celles du Brésil. En 1864, l’armée argentine ne comptait que 6,200 hommes, divisés presque également en bataillons et compagnies d’infanterie, armés de fusils à percussion, et en régimens de dragons et de grenadiers à cheval, tous armés du sabre et de la lance, arme nationale à laquelle les dragons joignent en outre la carabine. Il existait aussi quelques compagnies d’artillerie