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libre de 6 millions d’âmes (les noirs esclaves ne servent pas) ; mais on a tenu à n’enlever que le moins de bras possible à l’agriculture et à l’industrie. L’empire entretient aussi une école militaire et une école d’application pour l’instruction des jeunes officiers sur le modèle des écoles européennes. Le budget de la guerre pour 1861-1862, y compris les dépenses d’administration, montait à 33,495,117 francs, — dont 18,271,254 francs pour le personnel de l’armée proprement dite, et 5,280,470 francs pour le matériel. — Le budget de 1863-1864 a été à très peu de chose près le même. L’empire possède des manufactures d’armes et de poudre et une fonderie de canons.

En temps de paix, l’armée, disséminée dans les provinces, qui forment autant de subdivisions militaires, y maintient l’ordre public. L’immense étendue de l’empire et l’absence sur beaucoup de points de routes praticables rendent difficile en cas de guerre la rapide concentration des troupes. Les provinces ne peuvent d’ailleurs pas rester entièrement dégarnies. Le chiffre des hommes prêts à entrer immédiatement en campagne est donc fort inférieur à celui qui vient d’être indiqué. Après que les hostilités contre Montevideo eurent été décidées, il fallut un temps assez long pour amener à la frontière les 10,000 hommes qui rejoignirent le général Florès, et pour les pourvoir d’un matériel suffisant. Dès cette époque, on augmenta le chiffre des engagemens volontaires en offrant des primes plus élevées (mai 1864). En temps de guerre, on a recours à la mobilisation d’une partie déterminée de la garde nationale. Ce n’est en somme autre chose que le recrutement forcé appliqué pendant un temps limité. On évalue à 25,000 hommes le nombre des gardes nationaux qui peuvent être immédiatement mobilisés. Cette mesure, autorisée par les chambres à la fin de 1864, fut mise à exécution dès que le Paraguay eut commencé les hostilités ; on réunit ainsi 15,000 hommes. Ce sont les délégués militaires et civils du pouvoir exécutif qui surveillent ce recrutement ; les conseils provinciaux n’ont pas à y intervenir. Il y a dans chaque chef-lieu de province un commandant militaire supérieur, un état-major complet, une garnison qui fournit les cadres dans lesquels sont versées les nouvelles recrues. Le commandement des gardes nationaux mobilisés reste confié à des officiers pris dans l’armée ou sortant de l’école militaire. Quand les événemens exigent de la célérité, ce système n’est pas sans inconvénient ; outre la lenteur avec laquelle s’opère la réunion des recrues au milieu d’une population extrêmement disséminée, il faut encore du temps pour faire l’éducation des nouveaux soldats ; enfin les hommes, venus de provinces éloignées et peu habitués au métier des armes, supportent souvent