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et, au dire de témoins oculaires, on enrôla jusqu’à des adolescens de seize ans. Les troupes sont organisées sur le modèle des armées européennes. Elles paraissaient assez bien équipées à l’ouverture des hostilités ; mais, autant qu’on en peut juger à distance, les cadres et les officiers leur manquaient, ce qui s’explique par l’état moral de la population. Elles se composaient de 40 bataillons d’infanterie de 700 hommes chacun, formant un total de 28,000 hommes, de 32 régimens de cavalerie de 500 hommes, soit 16,000 hommes, de 3,000 artilleurs avec 120 pièces de canon. Quant aux finances, le président n’avait pas à s’en préoccuper, le soldat ne touchant d’autre paie que la nourriture et l’équipement. Enfin il possédait 18 vapeurs de petite dimension, mais armés d’une forte artillerie. Aussi put-il, le 4 décembre 1864, jeter subitement dans la province de Matto-Grosso 10,000 hommes qui, remontant le Rio-Paraguay escortés de chalands chargés de vivres, s’avancèrent jusqu’à Cuyaba, capitale de la province.

Les institutions militaires d’une nation procèdent toujours de son organisation politique et sociale. On doit donc s’attendre à trouver de notables différences entre ce qui vient d’être dit du Paraguay et ce qui existe dans les trois états alliés. Chez ces derniers, la composition, le mode de formation de l’armée, le nombre d’hommes sous les drapeaux, tout est réglé par la loi. La crainte de porter atteinte à la liberté individuelle y a fait reculer devant l’idée d’imposer par une conscription permanente l’obligation du service militaire. En temps ordinaire, l’armée se recrute par les engagemens volontaires. Ce système, qui a, entre autres inconvéniens, celui d’imposer au trésor des dépenses considérables hors de proportion avec les ressources effectives qu’il procure, est adopté au Brésil aussi bien que dans les républiques argentine et orientale. Toutefois les différences qui existent dans la forme même du gouvernement de chacun de ces états ne laissent pas subsister une analogie complète dans les institutions militaires.

Au Brésil, c’est aux chambres seules qu’appartient l’initiative en matière de recrutement ; mais, une fois le mode adopté, le chiffre des hommes à tenir sous les armes fixé et le budget de la guerre réglé, le reste est du ressort du pouvoir exécutif. C’est lui seul qui préside à la formation des divers corps, qui veille au service de chaque arme, à tout ce qui concerne l’équipement et l’entretien des arsenaux. L’armée brésilienne, en 1864, comptait environ 25,000 hommes ainsi répartis : 16,000 hommes d’infanterie, partagés en 21 régimens ; 4,500 de cavalerie, formant 6 régimens ; 3,500 d’artillerie, dont 1 régiment d’artillerie monté, plus 1 régiment du génie. Ce chiffre est peu considérable sur une population