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Parthénon. Tantôt le Saint-Sacrement se montre en face de l’École d’Athènes, tantôt le Christ est mêlé aux muses et aux dieux du Parnasse. En littérature, la grâce de la forme ne parvient pas plus qu’en sculpture ou en peinture à cacher ce choc continuel entre les mots et les idées. Dans ces dernières, dès que les secrets de métier se perdent, on devient incapable de progrès, et il ne reste plus qu’à imiter servilement sans savoir de quelle source, de quelles inspirations ces secrets sont sortis. N’en est-il pas de même en poésie lorsqu’on copie les maîtres au lieu de chercher la nature ? Voyez tous ces poètes de la renaissance, Vida, Marullus, Fracastor, Sannazar : que sont-ils ? De véritables plagiaires, si parfaite que puisse être l’imitation. Cette recherche, cette étude d’une antiquité restreinte, puisqu’elle ne remonte qu’aux Grecs et n’étudie qu’eux, a fait trop longtemps ignorer les causes premières.

Nous concevons qu’en littérature l’absence de matériaux antérieurs, ou, pour mieux dire, l’obstacle que présentent des langues et des écritures inconnues ait nécessairement limité les recherches de nos savans ; mais en peinture, en architecture surtout, il restait tant et de si grands matériaux qu’il a fallu l’esprit de routine de l’Occident pour les méconnaître et pour qu’ait pu s’accréditer aussi longtemps cette croyance générale que tout commence aux Grecs, qu’il n’y a pas d’art en dehors d’eux. Les érudits, ne pouvant remonter au-delà de l’époque grecque, n’ont indiqué aux artistes que cette civilisation brillante, mais très courte et très restreinte. Ceux-ci trop souvent n’avaient pas vu les originaux, et c’était d’après des descriptions et des dessins inexacts qu’ils exécutaient leurs copies, sans tenir compte de la différence des sites et des climats, des matériaux, des usages et des costumes ; Nous n’avons qu’à signaler David et son école, qui règne encore, pour démontrer ce que nous avançons ici.

Pour bien comprendre d’où venait l’art nouveau dont nous nous occupons, il ne faut pas oublier que Byzance, deux cents ans après qu’elle eut été fondée par le navigateur grec Byzas, fut prise par Darius et resta au pouvoir des Perses jusqu’à la fin du règne de Xerxès. On ne s’étonnera donc pas de voir un architecte persan nommé Métrodore chargé de construire l’église et le palais de Constantin. Au dire de l’histoire, Métrodore avait fui sa patrie par suite des injustices dont on l’abreuvait. Cette église fut rebâtie en 540 par Anthémis de Tralles et Isidore de Milet sur le plan agrandi de Métrodore. Ces trois architectes sont les seuls dont les noms soient parvenus jusqu’à nous. On le voit, l’un est un Persan expatrié de la veille, les deux autres appartiennent, le premier à la province persane de Lydie, qui n’était romaine que depuis la mort d’Attale, le