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qui ont été entreprises aux frais et sous la direction générale de l’association. Au meeting d’Oxford, en 1832, quand on se retrouva pour la première fois après la fondation de l’association, dix de ces rapports étaient prêts et furent adoptés par l’assemblée. M. Airy, aujourd’hui l’astronome royal d’Angleterre, exposait dans un long et lucide résumé les progrès et les desiderata de l’astronomie ; M. Lubbock rendait compte de l’état de la question des marées ; M. Forbes signalait ce qu’il y avait à faire en météorologie ; le révérend Baden Powell résumait nos connaissances relatives à la chaleur rayonnante ; sir David Brewster traçait un tableau complet de l’état de l’optique ; M. Whewell faisait connaître les conquêtes les plus récentes des minéralogistes, M. Conybeare celles des géologues, et M. Johnston celles des chimistes ; enfin M. Prichard faisait l’inventaire de ce qui était acquis en matière d’anthropologie. L’année suivante, à Cambridge, huit nouveaux rapports furent présentés sur d’autres branches de la science, et depuis cette époque de nombreux rapports supplémentaires ont tenu les membres de l’association toujours au courant du progrès. Nous ne mentionnerons que pour mémoire les beaux travaux d’ensemble qui ont été exécutés aux frais et à l’instigation de la société sur les marées, sur les tremblemens de terre, sur les étoiles filantes et autres météores lumineux, sur le régime pluvial de la Grande-Bretagne, ainsi que les nombreuses ascensions scientifiques en ballon entreprises par M. Glaisher et les tentatives d’exploration du fond de la mer au moyen de la drague. Nous passons sous silence une foule de recherches de détail dont l’énumération nous mènerait trop loin ; il nous suffit d’avoir esquissé d’une manière rapide l’organisation, le but, les tendances et les efforts si méritoires d’une grande institution dont la base est la liberté. R.Radau


ÉTUDES SUR LES TRAGIQUES GRECS, PAR M. PATIN[1].


La troisième édition vient de paraître de ce livre excellent, devenu classique parmi nous, et qui a exercé sur l’éducation littéraire de notre temps une douce et pénétrante influence. Le triple monument d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide, de toutes les œuvres de l’antiquité qui nous ont été conservées, est peut-être la plus étonnante et la plus parfaite. Comment ce peuple grec, sans nul devancier, sans préceptes, sans exemples, presque sans nulle précédente tentative, est-il arrivé tout d’un coup, de plaln-pied, dans un genre aussi complexe que la poésie dramatique, à une hauteur qui n’a pas été dépassée depuis ? Pourquoi cependant la critique moderne ne s’est-elle que de nos jours élevée jusqu’à la pleine intelligence de ces simples et fortes beautés ? Euripide seul trouvait grâce aux yeux de notre XVIIe et de notre XVIIIe siècle, pour qui Eschyle, comme Pindare, — M. Vitet l’a

  1. 4 volumes in-12 ; Paris, chez Hachette, 1866.