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section des sciences physiques et mathématiques. Les astronomes doivent à l’intelligente initiative de cette société trois des plus importans catalogues d’étoiles qui existent : l’admirable catalogue éclectique, qui porte le nom de l’association, — le catalogue d’étoiles basé sur les observations que Lalande avait faites à l’École militaire de Paris vers la fin du siècle dernier, — et celui qui résume les observations de Lacaille, faites au cap de Bonne-Espérance. Commencés en 1835 et en 1838, ces deux derniers catalogues ont été imprimés aux frais du gouvernement anglais. On est également redevable aux efforts de l’Association britannique d’une série d’expéditions qui ont puissamment contribué à fixer nos connaissances relatives aux élémens magnétiques des îles britanniques, de l’Amérique du Nord, des mers australes, de l’Inde anglaise et de quelques autres régions du globe ; la plus connue est celle qui fut confiée à sir James Clark Ross, et qui dura de 1839 à 1843.

La météorologie comparée est l’un des sujets qui ont eu, dès l’origine, le privilège de fixer l’attention de la société. Cette science a été en quelque sorte centralisée à l’observatoire de Kew, érigé par le roi George III et abandonné par le gouvernement à l’Association britannique depuis 1842. L’observatoire de Kew sert de magasin ou de dépôt ; c’est là que les instrumens appartenant à la société sont conservés et que les membres trouvent toutes les facilités possibles pour entreprendre des recherches expérimentales. On y a établi un atelier très complet d’où sont déjà sortis bon nombre d’instrumens de précision : baromètres et thermomètres étalons, magnétomètres et magnétographes, etc., qui avaient été commandés par des institutions scientifiques de la Grande-Bretagne ou de l’étranger. Les possesseurs d’instrumens météorologiques peuvent aussi les faire vérifier à Kew, où on les compare à des étalons fixes construits avec un soin extrême[1]. Parmi les autres travaux qui ont été effectués avec succès à l’observatoire de Kew, nous citerons les reproductions photographiques des taches solaires, obtenues à l’aide de l’héliographe, et d’intéressantes études d’analyse spectrale.

Toutefois l’entretien de cet établissement ne laisse pas d’être assez coûteux. Quand l’association a accordé à son enfant gâté cinq ou six cents livres et que la Société royale de Londres s’est saignée pour y ajouter un respectable supplément, on se trouve encore souvent en déficit au bout de l’année. Heureusement il se rencontre toujours quelque généreux Mécène, quelque brasseur ou fabricant de papier dont les libéralités permettent de continuer les travaux commencés. A partir de l’année prochaine, la situation de l’observatoire de Kew va probablement changer d’une manière très heureuse par la fusion de cet établissement avec le département météorologique du ministère du commerce (Board of Trade). Voici dans quelles

  1. Pendant l’année qui vient de s’écouler, on a vérifié 126 baromètres et 395 thermomètres.