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Ninive, à Babylone, à Persépolis, sur les salles immenses des palais, les toits coniques, les dômes et les voussures, employant pour les aqueducs et les citernes un système de petites voûtes entre-croisées soutenues par une forêt de légères colonnes, nous donne la clé du principe nouveau. Dans les villes qui succèdent aux cités bibliques, où les dynasties arsacide et sassanide rivalisent de splendeur et de luxe, il acquiert un développement complet. C’est ainsi qu’au moment de la fondation de Byzance l’art surnommé byzantin se trouva tout créé, put recevoir une application immédiate. Cette ville attirait alors dans son sein toutes les intelligences privées d’asile et de patrie ; Alexandrie, centre scientifique formé des débris de tant d’empires écroulés, était devenue un lieu de refuge pour les amis de l’étude et du repos. C’est de là que revinrent les traditions des arts et des métiers, de là cette philosophie quintessenciée du moyen âge qui, à Constantinople, sut s’assimiler le style byzantin et, le pliant au culte nouveau, en faire le type de l’art chrétien. Dans les peintures de ce temps, qu’elles soient à l’encaustique, à l’œuf, en mosaïque, on retrouve ce caractère immuable, radieux et naïf tout à la fois, qui rappelle l’Égypte ancienne. Ce n’est plus l’étude exacte et vraie de la forme humaine et de la beauté matérielle ; tout réside au contraire dans l’expression. En architecture, l’arc, la voûte, la coupole, employés dans les monumens babyloniens, assyriens ou perses, ont transformé le temple païen et lui donnent un caractère absolument neuf. Ce style s’adaptait merveilleusement aux idées nouvelles. On connaît le principe générateur du style byzantin : c’est la coupole soutenue par quatre arcs de cercle dont l’ouverture est égale au diamètre du dôme ; les arcs eux-mêmes sont soutenus par quatre piliers ou colonnes. Les espaces compris entre les arcs et la base de la coupole, en dehors des points où celle-ci vient reposer sur eux, sont remplis par une suite de pendentifs de longueur inégale, dont la silhouette se détache sur le vide, et dont la partie supérieure, se terminant à la base de la coupole, donne à celle-ci de nouveaux points d’appui. Les quatre côtés du carré formé par les piliers qui supportent le dôme servent de base à quatre nouveaux carrés égaux au premier, de sorte que la nef, que recouvre la coupole, est flanquée sur ses quatre faces de nefs égales entre elles, et que l’ensemble figure une croix à bras égaux. Les quatre nefs latérales sont recouvertes par des demi-coupoles appuyées sur les quatre arcs qui supportent la coupole centrale. Celle-ci surgit donc au-dessus de cette réunion de toits sphériques et les domine de toute sa hauteur ; l’ensemble a une ampleur et une légèreté remarquables.

Les Byzantins, dans les façades de leurs édifices, ont cherché les