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nalyse des diverses facultés élémentaires, il est besoin d’une étude psychologique directe portée à un haut point de perfection, puisqu’il est nécessaire entre autres de rechercher le degré d’influence des circonstances sur le caractère mental, vu que nul ne suppose que la conformation cérébrale soit tout, et les circonstances rien. Je le concède, mais cela encore est du domaine biologique.

Tout ce qui est facultés, analyse ou classification des facultés, jeu ou fonction des facultés, modification des facultés par les diverses influences et par les milieux, appartient à la biologie. Cette doctrine, sans être ancienne, n’est pas nouvelle : quoique vraie, elle est loin d’être beaucoup répandue en dehors du cercle des hommes voués à la science des êtres vivans; mais elle est admise par les physiologistes avancés, et Gall, tout en la compromettant par ses localisations, a rendu un grand service par cela seul qu’il l’a conçue et soutenue avec une précision et une vigueur que personne n’avait eues avant lui. Il ne faut pas oublier, parmi les philosophes, M. Comte, qui s’en fit, à son point de vue, le promoteur dans son Système de philosophie positive; je ne parle pas, bien entendu, de la tentative phrénologique à laquelle il se laissa si malheureusement aller dans ses œuvres postérieures. Pour reconnaître, observer, analyser, classer les facultés cérébrales, la biologie emprunte des renseignemens à la sagesse vulgaire, qui a ses intuitions, à la psychologie, qui a beaucoup travaillé le sujet, à la phrénologie, qui, comme étude de la nature cérébrale chez l’homme et chez l’animal, est digne d’attention, indépendamment de la localisation. Sans doute la physiologie cérébrale a pour but de trouver le rapport entre l’organe et la fonction, et, comme on sait, elle ne possède encore de cette doctrine qu’une imparfaite ébauche; mais cette imperfection ne l’empêche pas d’étudier fonctionnellement ce qu’elle ne peut étudier à la fois fonctionnellement et organiquement; comparable à la pathologie, qui, ignorant les conditions organiques de beaucoup de névroses et de plusieurs folies, ne les étudie pas moins dans leurs phénomènes, sans que personne songe à faire un domaine particulier, pour je ne sais quelle psychologie pathologique, de ces états morbides sans lésion connue. La physiologie est venue tard à traiter des facultés affectives et intellectuelles, qu’elle nomme maintenant, sans hésiter, du nom commun de facultés cérébrales; tout cela était jadis de la philosophie, de la psychologie; aujourd’hui elle reprend ce qui fut distrait de son domaine.

L’erreur est de croire qu’étudier fonctionnellement ne soit pas étudier physiologiquement. Je viens de rappeler plusieurs cas de pathologie où l’étude, pour n’être que fonctionnelle, n’en est pas