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LA
PHILOSOPHIE POSITIVE

M. AUGUSTE COMTE ET M. J. STUART MILL.[1]


A LA VEUVE D’AUGUSTE COMTE.


I.

Une réponse (mon présent travail est une réponse) fait nécessairement des détours, des écarts, des excursions. Pour obvier à cet éparpillement, je pose tout d’abord le point du débat. La philosophie positive est-elle une manière de concevoir le monde ou une manière de concevoir l’homme ? Cette question, à part un incident considérable sur la sociologie, est au fond de toute la discussion.

M. J. Stuart Mill vient de publier un travail considérable sur M. Comte et la philosophie positive[2]. Ceux qui s’occupent de philosophie positive, de M. Comte et de M. Mill, connaissent les rapports que ces deux hommes ont eus ensemble. M. Mill reçut une grande lumière des ouvrages de M. Comte; il le témoigna dans son Traité de logique. On peut voir, dans mon livre sur Auguste Comte, toute cette histoire, nombre de lettres dont je dois la communication à la bienveillance de M. Mill, et l’indice des assentimens et

  1. La Revue a souvent critiqué la philosophie positive, ses adversaires ont eu à diverses reprises la parole sur ou contre le système de M. Auguste Comte; il était de toute justice de l’accorder à l’un de ses plus éminens défenseurs.
  2. Auguste Comte and Positivism, London 1865.