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la première cellule que nous avons vue s’organiser après la fécondation, dans le sac embryonnaire, jusqu’à cette autre, la dernière, qui mûrit dans le fruit et ferme le cycle de toute végétation annuelle, partout nous retrouvons ce même organe doué de la plus étonnante fécondité, créant en lui et hors de lui d’inépuisables élémens de reproduction et de vie. Le bois, la feuille, la fleur, le fruit, sont exclusivement fermés par la cellule. Ici dure, ligneuse ou cornée, ailleurs molle, colorée ou parfumée d’essences, multipliant de cent façons ses fonctions et ses produits, partout elle renouvelle l’inconcevable phénomène qui, dans les trois règnes, nous la montre sortant d’abord d’elle-même par segmentation, puis s’organisant sans relâche dans le minéral peut-être, dont elle constitue les molécules inorganiques, dans la plante, où nous avons étudié son rôle de premier ordre, enfin dans l’animal et l’homme, qu’elle a formés et qu’elle nourrit.

Le chêne n’est pas seulement un des plus beaux arbres, c’est encore un des arbres les plus utiles. Indépendamment de son fruit, qui, suivant de nombreux témoignages de la tradition et de l’histoire, a joué un rôle considérable dans l’alimentation des anciens peuples, et qui, même dans les temps modernes, assure-t-on, a sauvé de la famine des populations entières, le chêne nous fournit son bois, l’un des meilleurs et des plus solides que l’on connaisse. En pleine forêt, il nous donne l’occasion d’étudier un des plus remarquables et des plus utiles phénomènes de la vie végétale : nous voulons parler du rôle des massifs boisés dans l’hygiène générale. Considérée de la sorte, la forêt possède une importance essentielle : non-seulement elle est l’officine naturelle d’où sortent tous les élémens de la vie civilisée, mais elle est encore un vaste instrument d’assainissement et d’équilibre atmosphérique. Son influence s’étend à la température, au degré d’humidité de l’air, et jusqu’à la fertilité du sol. Tous les élémens de la nature sont nécessaires les uns aux autres; une dépendance réciproque les associe, les rend solidaires, et fait de cet ensemble une sorte d’engrenage universel dont il est dangereux de suspendre ou de briser l’harmonie.

On sait que le végétal et l’animal se trouvent vis-à-vis l’un de l’autre dans une situation de telle réciprocité qu’un échange perpétuel se fait entre leurs sécrétions ou exhalations respectives. Le végétal présente dans ses parties vertes une surface considérable d’absorption qui s’assimile l’acide carbonique de l’atmosphère, ainsi que d’autres produits gazeux que les animaux exhalent, ou qui se développent par suite des phénomènes naturels de la décomposition. D’un autre côté, il lance dans l’atmosphère de l’oxygène ou plutôt de l’ozone, sorte d’oxygène électrisé, dont la bienfaisante influence sur l’économie animale est aujourd’hui constatée d’une