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dernier pédoncule, que termine un ensemble d’organes nouveaux : c’est la fleur. Encore ici on retrouve la feuille. La fleur en effet n’est que l’agrégation de quelques feuilles modifiées; elle est généralement composée de quatre verticilles dont le premier est un anneau de feuilles calicinales (calice), le second une rangée circulaire de feuilles corollines (corolle), le troisième un groupe arrondi de feuilles polliniques (étamines), et le quatrième, le dernier, une agglomération de feuilles carpellaires (pistil). A la base du pistil, dont la partie allongée s’appelle style, s’arrondit l’ovaire ; dans cet ovaire sont contenus les ovules, qui eux-mêmes renferment des germes; ces germes deviennent des embryons lorsqu’ils ont été fécondés par la poussière échappée aux étamines ou feuilles polliniques. Cette poussière, c’est le pollen, qui, à l’heure de la fécondation, s’échappe des anthères (ou têtes d’étamines) et tombe sur le stigmate (ou tête du style), alors particulièrement humide et gommeux. À ce contact, qui provoque un gonflement presque subit dans le grain du pollen, s’opère en celui-ci un phénomène spécial. Des deux membranes qui le composent, l’une, la membrane extérieure, se rompt en un point aminci et livre passage à la membrane interne, qui, plus élastique, franchit la déchirure, s’allonge en un tube filiforme appelé boyau pollinique, et pénètre jusque dans l’ovaire, où se trouve le sac embryonnaire. Dans ce sac sont deux ou trois vésicules formant une petite masse arrondie et visqueuse. C’est vers ces vésicules que s’avance l’extrémité du tube pollinique, qui, par un contact dont personne encore n’a su expliquer la mystérieuse influence fécondante, donne lieu à l’organisation de la première cellule de l’embryon nouveau-né.

Après la fécondation, l’ovaire devient le fruit, et le fruit est ce gland même dont nous avons étudié l’évolution première au milieu des phénomènes de la germination. Voilà le cycle entièrement accompli. Sortie de l’embryon d’une graine, la plante produit de nouvelles semences d’où émergeront des germes nouveaux. Du fruit qui meurt quand sa tâche de maturation est accomplie, ces germes s’échappent en se dépouillant de toutes les enveloppes dont les avait entourés la végétation précédente. C’est bien véritablement une existence qui jaillit d’une sorte de sépulcre, c’est une palingénésie dont les oscillations rentrent dans la loi générale qui fait mourir pour faire aussi renaître. Et c’est ainsi que cheminent la vie et la mort, ces deux sœurs qui, la main dans la main, descendent ensemble le cours des âges, traçant de grands sillons où sur chacune des tombes s’épanouit la fleur de la résurrection.

Voilà donc le chêne formé; mais les évolutions de la nature en quelque sorte fatales que nous venons de raconter ne donnent pas une idée suffisamment complète de la vie d’un grand végétal. Nous