Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 64.djvu/735

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le développement de son bourgeon terminal, l’axe primitif s’accroît en épaisseur. Sur une coupe transversale, on voit qu’il s’est produit une couche de bois à l’extérieur des faisceaux ligneux et une couche corticale à l’intérieur de l’écorce de première année. Mêmes productions l’année suivante. Nous pourrions suivre ainsi le développement de la tige pendant des siècles, et nous verrions que chaque année chaque axe antérieurement formé s’accroît d’une couche ligneuse et d’une couche corticale. Maintenant comment ces couches se forment-elles périodiquement? Question grave, et l’une des plus controversées de la physiologie végétale. Il faut se résumer toutefois et dire que c’est à la sève descendante que l’on attribue la formation de cette couche nouvelle qui, chaque année, au printemps, vient s’interposer entre le corps ligneux et les couches corticales. De cette sève élaborée, de ce cambium, de ce liquide générateur résultent donc deux zones de formation nouvelle qui s’organisent moléculairement, de proche en proche et de haut en bas, en deux étuis coniques, dont l’un entoure la partie ligneuse déjà formée, tandis que l’autre, qui lui est contigu, bien que d’une nature un peu différente, s’adapte par sa partie convexe aux couches préexistantes de l’enveloppe corticale.

Ce végétal que l’on a vu germer, sortir de terre et pousser sa tige dans l’atmosphère, va désormais passer de l’unité à la pluralité. Sur cette base va s’élever l’édifice. À cette plante annuelle vont s’ajouter, par le phénomène de la ramification, d’autres plantes, puis d’autres encore, véritables assises de notre polypier végétal, qui, s’il est semblable sous certains rapports aux polypiers du règne animal, s’en distingue par ce fait remarquable, qu’une solidarité complète rattache à l’existence de chaque végétation partielle celle du tronc qui la supporte et la nourrit. Ce tronc en effet, bien supérieur à celui du polypier animal, subit pour son propre compte l’influence régénératrice du printemps. Une sève commune circule dans toutes les parties de l’arbre, et si la vie se manifeste d’une manière particulièrement sensible par l’expansion des bourgeons, des rameaux et des feuilles, n’oublions pas que cette sève, à laquelle sont dues les opulentes décorations du dehors, est aussi celle qui enveloppe d’une couche nouvelle la partie fixe de l’édifice aérien.

L’élément du développement végétal est le bourgeon. C’est par le bourgeon que s’accomplit l’œuvre de multiplication des rameaux. Les bourgeons, qui sont de véritables embryons fixes, poussent donc sur les branches déjà formées. Là, d’un point microscopique s’élève une plante nouvelle peu différente de celle qui, en contact immédiat avec la terre, lui transmet les sucs nutritifs qu’elle-même y puise au moyen de ses racines. De ce bourgeon du chêne, nue