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qu’il suffira en particulier d’achever le plan de 1844, qui a été si largement développé par M. Pascal, l’ingénieur actuel des ports de Marseille.


III. — TRAVAUX PUBLICS.

Le canal de la Durance et l’agrandissement des ports appartiennent, sinon pour l’achèvement, au moins pour la pensée et l’origine de ces vastes entreprises, au régime antérieur à 1848. Elles n’étaient point entièrement exécutées quand il a disparu, elles ne le sont point encore, puisque la clarification des eaux de la Durance est à l’étude, et que, de l’aveu même de M. Pascal, le bassin de la Joliette et ceux qui le suivent ne seront réellement terminés que lorsque les môles exécutés et à exécuter seront couverts de constructions assez élevées pour mettre à l’abri les navires et leur garantir une sûreté égale à celle de l’ancien port. Quant à tous les travaux intérieurs qui ont si profondément modifié la physionomie de la ville, ils sont bien l’ouvrage exclusif de l’époque actuelle : tout éloge ou toute critique, s’il y a lieu, doit lui en être reporté.

Ce n’est pas toutefois que depuis longtemps déjà l’administration ne se fût sérieusement préoccupée des besoins nés de l’accroissement de la population et du développement des affaires. Depuis que les contemporains de Puget, sourds d’abord aux conseils de son génie, s’étaient plus tard décidés à construire d’après ses plans les cours de Belzunce et de Saint-Louis et à ouvrir la large voie de la Cannebière, plusieurs préfets des Bouches-du-Rhône, et en particulier M. Charles Delacroix, père de notre grand peintre, dotaient la ville de Marseille de boulevards, de fontaines publiques, et projetaient de réelles améliorations. La belle promenade du Prado remonte, comme on l’a vu, à une époque bien antérieure à 1852; mais c’est principalement à partir de cette année que les travaux d’édilité proprement dite furent poussés avec une grande vigueur. La translation du lazaret aux îles du Frioul souleva la question de la propriété du terrain laissé disponible : l’état fit céder ses prétentions devant celles de la ville, mais exigea que le prix de ce terrain, vendu en 1856 à M. Mirés, fût appliqué à des œuvres d’utilité générale. Sur les terrains du lazaret et sur ceux qui seraient conquis sur la mer, on assigna l’emplacement du dock et du quartier de la Joliette. La rénovation complète de la vieille ville et l’ouverture de la rue Impériale ne tardèrent pas, comme des conséquences qui dépassent leur principe, à justifier cette première entreprise. M. Honorat, maire de Marseille, digne successeur du promoteur du canal, proposa en 1858 au conseil municipal tout un ensemble de