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DE
L’INSTRUCTION DU PEUPLE
AU DIX-NEUVIÈME SIÊCLE

IV.
L’ÉCOLE LAÏQUE ET l’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN HOLLANDE.[1]

Le congrès des sciences sociales réuni à Berne au mois de septembre 1865 avait posé la question suivante : « l’enseignement de la morale doit-il être séparé de celui des religions positives, ou convient -il d’assigner un rôle, dans l’école, aux ministres des cultes? » A la vivacité des débats, aux accens d’éloquence passionnée qu’ils provoquèrent, on put juger de l’importance du problème. L’organisation de l’enseignement n’en soulève pas en effet de plus grave. On le discute partout, dans les pays catholiques aussi bien que dans les pays protestans, et partout il remue profondément les âmes, parce qu’il touche à leur plus sérieux intérêt, à leur sentiment le plus intime, l’intérêt et le sentiment religieux. L’école où tous les enfans sont admis sans distinction de culte et où l’on enseigne une morale générale en dehors du dogme, c’est-à-dire l’école mixte ou laïque, est une institution nouvelle qui ne remonte pas au-delà du commencement de ce siècle. Introduite d’abord en Hollande, elle a été successivement adoptée par les États-Unis, l’Irlande, le Haut-Canada, l’Australie, et elle est ré-

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1865, des 1er janvier et 15 avril 1866.