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tion je me suis servie de la main d’un homme sur lequel je compte entièrement. » Et cette même lettre figure en autographe dans la collection de M. d’Hunolstein! — M. Feuillet n’est pas chargé de répondre pour M, d’Hunolstein, je le sais; mais lui-même, en présence de cet épisode où son recueil n’est pas intéressé, peut-il ne pas reconnaître qu’il y ait eu ici fabrication évidente? Y a-t-il quelque hypothèse au monde qui puisse autoriser une autre explication?

Que sert maintenant de continuer cette réplique? sera-ce pour dire à M. Feuillet qu’il abuse, dans ses raisonnemens, du procédé qui consiste à répondre à la question par la question même? Veut-il prouver par exemple que Vermond prenait part à la correspondance de la reine, il s’appuie sur de prétendues corrections de la main de l’abbé en trois lettres à Marie -Thérèse et à Marie-Christine qui sont précisément des plus contestées. Veut-il montrer que Marie-Antoinette avait une tournure d’esprit littéraire, il invoque les lettres de même farine offrant des citations d’Esther et d’Athalie. Veut-il me réfuter à propos de la lettre de Louis XVI à Breteuil sur Rohan et le jugement du collier : « la critique tombe sur Louis XVI, dit-il, pour lequel je demande indulgence. Sa lettre offre les caractères les moins douteux de l’authenticité. » — Faudra-t-il faire voir que M. Feuillet, lorsqu’il croit signaler les erreurs des autres, se trompe lui-même? Prenez sa triomphante réponse à M. d’Arneth sur la lettre de Marie-Antoinette en date du 29 juillet 91, Suivant lui, la date est erronée, et j’ai participé à cette faute. Par malheur, M. d’Arneth, qui a l’original sous la main, n’y consent pas, ni moi non plus, car je prends soin de lire. Tournez seulement quatre pages dans Arneth ; voici une lettre de Marie-Antoinette, en date du 31 juillet 91, où elle dit à Mercy: « Je vous ai écrit le 29 une lettre qui n’est point de mon style; » puis elle explique que, pour satisfaire Barnave et l’abbé Louis, dont elle veut se servir et qui va retrouver Mercy à Bruxelles, elle a dû écrire de la sorte. Quant au voyage de Mercy, la reine lui dit en cette même lettre du 31, que, malgré ses expressions du 29, elle ne l’attend pas; en même temps une lettre de La Marck, du 10 août 91, au tome III de Bacourt, page 17Z|, montre qu’il fut réellement question d’un voyage de Mercy à Paris. Cela est d’importance, car, si la lettre pouvait être de 1790, comme le veut M. Feuillet, elle prouverait que la reine avait fait de réelles concessions au parti révolutionnaire, ce que j’ai nié, et elle autoriserait les lettres sur Mirabeau que j’ai contestées.

Je n’accepte pas davantage la série d’erreurs que me prête M. Feuillet; il peut toutefois avoir raison sur le chiffre de trente mille hommes, et je lui donne gain de cause sur l’évidente faute