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tions pour une lettre de Marie-Antoinette à Joseph II (page 102 du Ier volume). — M. Feuillet oppose encore le billet adressé par la dauphine à Marie-Thérèse, de Versailles, 16 mai 1770, aussitôt après la célébration du mariage : « Je me suis échappée du grand cercle dans ma grande toilette de mariée, etc. » Ce billet est signé, dans son premier volume comme dans le recueil de M. d’Hunolstein, Marie-Antoinette; mais M. Feuillet sait très bien ce que j’ai à lui répondre. Dans son second tirage, il indique ce billet, avec une quinzaine d’autres lettres, comme emprunté d’un certain « cahier de lettres de l’archiduchesse dauphine de France. — Archives impériales de Vienne. Ce cahier, ajoute-t-il, copié avec exactitude et par numéro, a été malheureusement négligé. On peut juger par la pagination qu’il a de très nombreuses lacunes. » Il me faut répéter à M. Feuillet ce que je lui ai déjà dit en janvier dernier : son indication, qui paraît fort claire, est ou obscure, ou incomplète, ou erronée, car les archivistes de Vienne affirment qu’ils n’ont jamais connu et qu’ils ne connaissent pas un tel cahier. — Quant aux signatures officielles de Versailles, quant aux lettres à la landgravine de Hesse-Darmstadt, il est trop clair qu’elles n’ont rien à faire ici, où il ne s’agit que des lettres de famille.

Et, pour ce qui est de Marie-Christine, comment raisonne M. Feuillet ? On lui a dit que, par beaucoup de raisons, une correspondance intime et active entre les deux sœurs avant 1786 était absolument invraisemblable ; il répond que Marie-Antoinette a reçu de Marie-Christine, au mois de novembre 1770, un présent, que le 15 août 1789 elle a voulu écrire à sa sœur de Bruxelles, que le 13 octobre de la même année, puis le 11 janvier et le 5 septembre 91, il y a encore des traces de relations entre elles. « Ce sont là, dit-il, des preuves irrécusables qu’il y eut entre les deux sœurs de nombreuses occasions de relations épistolaires. » Et voilà comment on vous démontre qu’il y a eu avant 1786 cette série d’épanchemens et de confidences que nous lisons dans les deux recueils français!

Après cela, M. Feuillet veut bien faire quelques concessions : voyez plutôt son second tirage. Si la signature Marie-Antoinette reste quelquefois encore au bas de lettres de famille, assez souvent (j’en ai sous les yeux une dizaine d’exemples), ou bien le seul nom d’Antoinette se trouve au lieu du double nom, ou bien la signature que donnait le premier tirage a entièrement disparu. Ne faites pas remarquer ces changemens, qui rappellent ceux de mon cher en monsieur ; ne signalez pas le nom de Christine ici changé en celui de Marie; ne parlez pas non plus de seize lettres au moins de Mme Elisabeth tronquées étrangement dans le premier tirage, alors qu’on nous annonçait une publication scrupuleuse d’après les ori-