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le mariage de la dauphine, la mention d’une lettre de Caroline que Marie-Antoinette a communiquée à sa mère[1]. Il y a encore, passim, le rappel de quelques autres lettres allant ou venant sur la route de Naples. Néanmoins l’impératrice ne réussit pas du côté de la reine Charlotte à l’égard de Marie-Antoinette : la reine de Naples, importunée d’entendre parler sans cesse du charme et de la beauté de sa sœur de France, en était jalouse et ne l’aimait pas. Sans me montrer aussi absolu que mes adversaires, Dieu m’en garde! sans contester toute liaison épistolaire entre les deux sœurs, je ne puis m’empêcher de douter que leur correspondance ait eu jamais beaucoup d’activité. Toujours est-il que de vieux serviteurs de l’ancien gouvernement napolitain antérieur au règne de Murat m’ont affirmé qu’aux archives de la maison de Naples on n’a jamais possédé de Marie-Antoinette qu’un petit nombre de lettres sans nul intérêt général, et qui roulaient sur des notifications d’événemens de famille ou des envois de poupées de modes. Dans tous les cas, une correspondance à laquelle la défiance de Marie-Thérèse faisait faire l’étrange détour de Vienne n’eût pu guère, ce semble, offrir un caractère d’abandon bien familier.

Quant à Marie-Christine, Marie-Antoinette en reçut au mois de novembre 1770 une table en présent[2]; elle dut écrire pour remercier, comme elle avait écrit à sa sœur de Parme en pareille occasion. J’ai cherché en vain cette lettre aux archives de l’archiduc Albert d’Autriche. — Le 15 août 1789, elle veut écrire à sa sœur de Bruxelles, et elle demande au comte de Mercy l’adresse de cette sœur, en cas qu’elle soit encore à Spa ! — Le 13 octobre même année, elle dit au même ambassadeur : « Voici une lettre pour Bruxelles ; je suis bien inquiète de ma sœur. » — Le 11 janvier 1791, elle écrit encore à Mercy, qui est à Bruxelles : « Vous recevrez une cassette... vous la remettrez à ma sœur pour moi, » — Au même, le 5 septembre 1791, elle écrit de nouveau : « Quant au nécessaire, si vous pouvez obtenir qu’il vous arrive, c’est vraiment un présent que je fais à ma sœur, et je serai bien aise qu’elle s’en serve. »

Ce sont là, ce semble, des preuves irrécusables qu’il y eut entre les deux sœurs de nombreuses occasions de relations épistolaires. Où sont les lettres qui ont été écrites et devraient se trouver aux archives de Saxe-Teschen? On n’a pas non plus oublié cette visite faite à Marie-Antoinette par Christine et son mari, visite projetée depuis 1780 et remise d’année en année à cause des difficultés d’é-

  1. Arneth, p. 18. Lettre du 1er novembre 1770.
  2. Lettre de Marie-Thérèse du 1er novembre 1770. Arneth, p. 19.