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six semaines, préface, notes, impression du premier volume, tout fut fait, tout fut publié. C’était trop de hâte, je le reconnais et je l’ai bien regretté, car l’exécution de ce premier volume devait s’en ressentir. Par exemple, sur la foi d’indications trop conjecturales de mains étrangères sur les lettres, des dates erronées se sont glissées qu’heureusement j’ai pu contrôler et redresser depuis, et qui ont été peupler mes errata.

Ces misérables dates inexactes, qui arrêtaient et jetaient de la confusion, et n’ont que trop souvent donné carrière à une critique spécieuse; ces dates qui en disent parfois plus qu’un texte, portent malheur à tout le monde, à commencer par moi. Ainsi page 40 de mon premier volume, une lettre totalement sans date, écrite de La Muette, — le mercredi 1er juin 1774, — veille de la Fête-Dieu, à l’occasion de laquelle Louis XVI annonce qu’il suivra le lendemain la procession du Saint-Sacrement à l’église paroissiale de Passy, avait été portée par je ne sais quel possesseur antérieur à la date du. samedi II juin, date impossible, puisque la fête se célébrait le jeudi et non le dimanche. Cette date erronée a été reproduite maladroitement, dans la hâte de l’impression. Pures misères, il est vrai, comme il en échappe à tout travailleur; mais il y a tant de gens qui cherchent, comme on dit, la petite bête, et sont à l’affût pour vous en faire autant de gros crimes! Qu’on prenne et qu’on étudie avec la même ardente préoccupation les grandes correspondances, celle de Voltaire, par exemple, sur laquelle tout le monde a travaillé, et l’on verra combien, malgré la sagacité si scrupuleuse du dernier éditeur, il s’y est maintenu d’attributions erronées dans les dates. Il faudrait avoir bien peu tenu la plume pour ne pas être ménager de critiques en pareil cas. Ainsi un certain nombre de lettres copiées par moi aux archives impériales de Vienne manquaient de dates originales, et la main qui y avait suppléé était loin d’avoir toujours été heureuse.

Les dates ont aussi méchamment trahi l’attention de M. le chevalier d’Arneth. Il a pris la peine de dresser l’errata de quelques-unes de mes lettres, pages 161 et 173 de son livre de Marie-Antoinette, Joseph II et Léopold II, publié il y a environ six semaines. Je ne puis que l’en remercier, tout en avouant qu’il eût pu s’en épargner les frais, car déjà la correction avait été faite par moi-même, depuis tantôt deux ans, dans mon second tirage. Et en effet les lettres du 6 mai et du 6 juin 1791, auxquelles il m’accuse d’avoir donné la date de 90, sont à leur vraie place, à leur date réelle, pages 44 et 81 du second volume de ce tirage. Que dirait, par exemple, mon censeur, si je lui reprochais d’avoir daté du 15 mars 1775, dans sa première publication, une lettre de Marie-Thérèse à laquelle la reine aurait répondu (un peu vite pour l’épo-