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LA GUERRE EN 1866.

« Dans le tir, 1° le soldat soulève d’abord la poignée, la porte à gauche dans l’entaille du conducteur et ouvre la chambre ;

« 2° Il porte l’aiguille en arrière par le moyen d’une gâchette qui est sur le second tube ;

« 3° Il place la cartouche dans la chambre du canon ;

« 4° Il applique le tube-conducteur contre l’extrémité du canon entaillée, où il est parfaitement maintenu et sans fuite d’air, en poussant la poignée à droite contre la face légèrement inclinée du bord droit du conducteur de fer ;

« 5" Il pousse l’aiguille à travers la poudre de la cartouche, où elle est maintenue prête à toucher l’amorce par la seconde gâchette du ressort du second tube, et en même temps il arme le fusil ;

« 6° Il tire en poussant la détente, qui a une forme particulière et porte une cheville qui s’abat en tirant ; en poussant la détente, la cheville s’abaisse et lâche le ressort en spirale, l’aiguille est poussée avec une grande vitesse dans la composition fulminante placée à l’extrémité du sabot, et la détonation se produit.

« Le fusil à aiguille entrait autrefois pour un tiers dans l’armement prussien (les hommes du troisième rang en étaient armés) ; dans le principe, il employait une balle de forme sphéro-oblongue (oblongue à sa partie antérieure, sphérique à sa partie postérieure) présentant un épaulement à la séparation de l’hémisphère et du cône ; au-dessous de la balle se trouvait le sabot en bois ou en papier comprimé à la machine, d’égal diamètre, couvert de papier gris bien serré autour, présentant un creux à la partie supérieure pour recevoir la partie inférieure de la balle, et en-dessous une petite capsule pour contenir la composition fulminante, qui y était comprimée par un moyen mécanique.

« Dans ces conditions, le fusil à aiguille, malgré l’extrême rapidité de son feu, restait en arrière de la plupart des nouvelles armes à feu tant sous le rapport de la justesse du tir aux distances supérieures à 400 mètres que sous celui de la tension plus ou moins rasante de ses trajectoires ; mais depuis l’introduction de nouveaux perfectionnemens, et entre autres depuis l’adoption de la cartouche Langblei, le tir a été considérablement amélioré.

« Le calibre de l’arme est : dans la chambre, 70 points (le point est de un quart de millimètre), dans le canon (mesuré à la partie inférieure) de 62 entre les pleins, et de 67,25 entre les rayures. Le vent, très considérable, est rempli par le sabot ; celui-ci porte quatre entailles de 30 points de longueur, dirigées parallèlement à l’axe et destinées à faire que la balle soit régulièrement enveloppée et fortement comprimée par les parois du sabot lorsqu’il pénètre dans l’âme plus étroite. Le sabot est censé communiquer à la balle son mouvement de rotation et entraîner avec lui les résidus de la combustion de la cartouche. — La construction de la balle, qui est toute massive, paraît bien entendue et particulièrement appropriée à la condition de diminuer les effets de la résistance de l’air : longueur notable, position favorable du centre de gravité, allongement avec diminution graduelle des diamètres des sections transversales en arrière de la