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Les
précurseurs italiens

Niccolini et la vie toscane.

I. Ricordi della vita e delle opere di G. B. Niccolini, raccolti da Atto Vannucci.
II. Lettere dal 1798 al 1857, 2 vol. Lemonnier, Florence 1866.

C’est une banale faiblesse de croire que les événemens arrivent tout seuls, par la grâce soudaine d’une fortune complaisante ou même par l’audace d’un homme habile à saisir l’occasion. C’est une illusion au moins aussi dangereuse de penser que les grandes métamorphoses publiques sont les filles des conspirations ourdissant leurs trames secrètes dans l’ombre de la vie des peuples. Ni la fortune, ni l’occasion, ni les conspirations n’ont cette puissance souveraine qui renouvelle une nation. Quand une révolution arrive et réussit, quand elle apparaît avec ce caractère impérieux des grandes choses irrévocables, c’est qu’elle a eu déjà une mystérieuse préparation. Elle a eu ses victimes, ses héros et ses précurseurs, soldats, écrivains, proscrits, serviteurs obstinés d’une même idée. Avant d’exister, elle a son histoire. Le dénoûment n’est que le dernier mot d’un long et obscur travail auquel les uns et les autres ont mis la main quelquefois sans le savoir, qui s’est déroulé à travers toutes les contradictions. L’Italie nouvelle s’est faite ainsi. Le germe est éclos aujourd’hui seulement, il s’est épanoui tout à coup dans une sorte d’explosion ; mais ce germe a été réchauffé et mûri dans la fermentation des âmes et des intelligences, dans les excitations