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la clarté de la lune ; l’Évangile éternel, œuvre du temps où opérera le Saint-Esprit, peut être comparé à la clarté du soleil[1]. L’Ancien Testament représente le vestibule[2] ; le Nouveau Testament représente le saint ; l’Évangile éternel, le saint des saints. Le premier a été l’âge de la loi et de la crainte, le second l’âge de la grâce et de la foi, le troisième sera l’âge de l’amour. Le premier a été le temps de l’esclavage, le second le temps de la servitude filiale, le troisième sera le temps de la liberté. Le premier a été une nuit étoilée, le second a été l’aurore, le troisième sera le plein jour. Le premier représentait l’hiver, le second le printemps, le troisième représentera l’été. Le premier était l’écorce, le second la coque, le troisième sera le noyau. Le premier portait des orties, le second des roses, le troisième portera des lis. Le premier est représenté par l’eau, le second par le vin, le troisième pur l’huile, ou bien encore le premier par la terre, le second par l’eau, le troisième par le feu. Le premier est figuré par la septuagésime, le second par le carême, le troisième par les joies pascales[3]. L’Évangile du Christ est littéral, l’Évangile éternel sera spirituel, et méritera d’être appelé l’Évangile du Saint-Esprit. L’Évangile du Christ a été énigmatique, le nouvel Évangile sera sans paraboles et sans figures ; c’est de lui que saint Paul a dit : « Nous voyons maintenant comme en un miroir et par énigmes, mais alors (c’est-à-dire dans le troisième état de l’humanité) nous verrons face à face[4]. » La vérité des deux Testamens apparaîtra sans voile ; les Écritures divines se diviseront en trois parties, l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et l’Évangile, en entendant par ce mot l’Évangile éternel[5]. Ce dernier sera aussi obligatoire pour les hommes du troisième état que le Vieux Testament l’a été pour les hommes du premier état, que le Nouveau l’a été pour les hommes du second état,

  1. D’Argentré donne mal ce passage. Il faut lire : «… comparat vetus Testamentum primo cœlo, Evangelium Christi secundo cœlo, Evangellum æternum tertio cœlo. »
  2. Atrio. D’Argentré donne à tort sanctuario d’après 1706.
  3. Voir Concorde, l. v, c. 84. Je suppose que beaucoup d’interpolations de Gérard se sont glissées ici dans le texte de Joachim.
  4. Ce passage est mal donné par d’Argentré : « Item, X. capitulo, D, dicit quod tertius status mundi, qui est proprius Spiritus Sancti, erit sine ænigmate et sine figuris ; unde circa medium ejusdem capituli ponit hæc verba : « Apostolus, I Cor., XIII, loquens de fide et caritate, distinguendo statum fidei, scilicet secundum statum mundi, qui ænigmaticus est, a statu caritatis, qui proprius Spiritus Sancti est et est sine ænigmate, figuravit duorum Testamentorum [diffcrentiam], ut patet alibi, quia comparando unum ad aliud dicit : Ex parte cognoscimus, et ex parte pruphetamus, et hoc quantum ad secundum statum ; quun autem venerit quod perfectum est, scilicet tempus caritatis, quod est tertius status mundi, evacuabitur quod ex parte est, quasi dicat : Tunc cessabunt omnes figuræ, et veritas duorum Testamentorum sine velamine apparebit, et statim subdit : Videmus nunc per speculum, etc. »
  5. D’Argentré a omis presque tout ce passage : « Item, XXVIII. Capitulo, A, dicit Sacram Scripturam divisam in tres partes, scilicet in Vetus Testamentum et Novum et Evangelium, quod capitulum totum est notabile, et totum legatur. Item expresse habetur XXX. capitulo, ubi dicit : « Hæc tria sacra volumina ; » et eodem capitulo, », dicit : « Alia est Scriptura divina quæ data est fidelibus eo tempore quo Deus Pater dictas est operari, et alia quæ data est christianis eo tempore quo Deus filius operari dictus est, et alia quæ nobis data (d’Argentré : « danda » ) est eo tempore quo Spiritus Sanctus proprietate mysterii operatur (d’Argentré : « mysterii Trinitatis operabitur » ). »