Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 63.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



30 avril 1866.

Il est superflu de rappeler ici les divers incidens qui depuis quinze jours ont marqué le mouvement du conflit austro-prussien. L’action dans cette sorte de drame muet a marché avec une étrange rapidité et a eu de brusques péripéties. Nous en étions restés à la proposition prussienne de la réforme du pacte fédéral qui semblait placer la controverse engagée entre les deux grandes puissances allemandes sur un terrain plus vaste et en même temps la devait ralentir. Peu de jours après sont arrivées les propositions de désarmement adressées par l’Autriche à la Prusse, reçues avec une certaine hauteur, mais littéralement acceptées par M. de Bismark. Sur la réponse de la Prusse, on respira pendant deux ou trois jours ; ce n’était pas encore la paix sans doute, c’était du moins l’espoir de voir la discussion substituée à ces allures de défi, à ces menaces de geste et d’attitude, à ces provocations par les mouvemens et les concentrations de troupes au bout desquelles le conflit matériel paraissait pouvoir éclater à tout instant. Ce regain de confiance pacifique n’a point eu longue durée. Au moment où l’Autriche et la Prusse se jouaient à l’incident du désarmement, l’Italie prenait avec une prudente lenteur quelques précautions militaires. L’Autriche aussitôt, soit qu’elle n’ait point cru à la sincérité de la promesse prussienne, soit qu’elle ait voulu tâter l’Italie sur l’affaire des armemens comme elle venait de tâter la Prusse, soit qu’elle ait cherché un prétexte pour accroître, au lieu de la réduire, son organisation militaire, s’est retournée du côté de l’Italie, et se met en Vénétie, avec résolution et ostentation, sur le pied de guerre le plus complet. Nous voilà revenus à la redoutable pantomime des armemens. Le cabinet prussien ne consent plus à désarmer, puisque l’Autriche se borne à transporter du nord au sud son appareil belliqueux, que la rapidité des lignes ininterrompues de chemins de fer qui unissent les frontières de Saxe à Vérone lui permettrait de