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qu’implique un passage des documens sur la politique extérieure distribués au corps législatif. « L’Italie, est-il dit, s’est déclarée prête à prendre à sa charge une part proportionnelle de la dette des anciens états de l’église. La difficulté consistait à trouver les termes d’un compromis qui n’impliquât de la part du pape aucune renonciation à ses précédentes réserves. Le cabinet français a l’espoir d’arriver prochainement avec le cabinet de Florence à une entente que le saint-siège pourra accepter sans aucun sacrifice pour sa dignité. » Que la France intervienne pour adoucir les froissemens, rien de mieux ; mais si l’on croit au Vatican que l’empereur des Français va se charger de faire verser à chaque échéance les trois quarts de la dette pontificale chez le banquier chargé de la solder, c’est vraiment une crédulité trop naïve. Un tel engagement serait une condescendance puérile s’il n’entraînait pas une garantie, et la proposition de garantir 25 millions de rentes serait tellement déraisonnable qu’on n’oserait pas la soumettre à l’assentiment du corps législatif.

Il semblerait qu’on a entrevu à Paris un terme moyen. Cela résulte du moins d’une dépêche adressée le 21 novembre dernier par M. Drouyn de Lhuys au ministre de France à Florence. Il y est dit : « Il me semble à première vue que la difficulté est loin d’être insurmontable. Par exemple, une fois l’accord établi sur le chiffre des intérêts à servir par le trésor italien, je ne vois pas ce qui s’opposerait à ce que le montant de chaque semestre fût servi aux mains de M. de Rothschild, qui continuerait, comme par le passé à payer les porteurs de la dette pontificale, sauf à inscrire sur ces titres telle ou telle estampille indiquant que le paiement s’effectue au nom du gouvernement italien. » Cette combinaison, si simple en apparence, l’est beaucoup moins en réalité. Qu’un gouvernement substitué à un autre prenne à sa charge la totalité des dettes, cela se conçoit ; mais ce qui ne s’est peut-être pas encore vu, c’est le partage d’une dette entre deux pays dont la solvabilité n’est pas égale. Le transfert des trois quarts de la dette dégage-t-il la responsabilité de l’emprunteur primitif ? S’il arrive qu’un des deux états débiteurs n’envoie pas son contingent à l’échéance, M. de Rothschild fera-t-il un choix entre les créanciers ? Il y a dans la pratique des difficultés si nombreuses qu’il est impossible de les prévoir toutes.

En attendant, le gouvernement romain est aux abois ; on a peine à comprendre comment il se soutient si longtemps avec un fardeau tellement au-dessus de ses forces. On sait seulement qu’il vit au jour le jour par des actes de dévouement individuel qui ne sauraient se multiplier beaucoup, ou par de petits emprunts à rembourser