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jusqu’à concurrence de 18 millions de francs des bons de trésor hypothéqués sur les biens du clergé, le mont-de-piété et les dépôts des banques. La république mazzinienne, trouvant ouverte cette source de revenus, la laissa couler et y puisa environ 25 millions de francs. La papauté revint de Gaëte à Rome. Nouveaux emprunts pour retirer de la circulation les papiers-monnaie, surtout ceux d’origine républicaine, qui ne furent d’ailleurs remboursés qu’avec escompte d’un tiers. Le pouvoir pontifical se relevait péniblement sur un terrain miné par les conspirations ; la police et l’armée exigeaient des sacrifices incessans. Le crédit ne faisait pas défaut, mais chaque difficulté résolue engageait un peu plus l’avenir. Bref, quand la révolution vint arracher au chef de l’église les deux tiers de ses possessions, le budget préparé accusait une dette annuelle de 26,338,000 francs, lesquels capitalisés au taux très modéré de 5 pour 100 représentaient déjà la somme de 527 millions.

Privé des trois quarts de ses revenus et ne voulant pas laisser protester les engagemens dont il demeure responsable aux yeux du public, le gouvernement romain a dû fléchir plus que jamais sous la fatalité des expédiens. A partir de 1861 commence une de ces époques troublées où on n’essaie plus d’équilibrer les comptes, où l’on craint de voir trop clair dans la situation. Ce qu’ont dû coûter les illusions détruites à Castelfidardo, la recomposition d’une force militaire, l’entretien des fonctionnaires devenus inutiles, on l’ignore, le public ne sait pas davantage ce qu’a fourni le denier de saint Pierre, ni ce qu’on a réalisé sur l’emprunt catholique de 50 millions décrété en 1864. Une seule indication est livrée à la publicité, et nous la trouvons dans le projet de budget reproduit plus haut. On y voit que la rente, sans parler des assignations temporaires dont nous ignorons la nature, a été inscrite au commencement de 1865 pour près de 36 millions. Pour peu qu’on tarde, cette annuité se trouvera augmentée de quelques millions par des emprunts nouveaux et par l’inévitable capitalisation des déficits[1]. Il est donc à présumer que la dette pontificale, au moment où on réglera le partage, représentera en capital une somme approchant 800 millions.

Le monde politique ne se préoccupe peut-être pas assez des difficultés de l’arrangement financier, sans lequel la convention du 15 septembre resterait une lettre morte. Nous venons de dire en quels termes le débat va s’engager. Sur le principe du partage, on pourra s’entendre. Il est assez raisonnable d’admettre que le gouvernement romain, ayant perdu les trois quarts de sa force

  1. On a encore, ouvert en ces derniers jours une souscription qui, si elle était remplie, aurait pour effet d’ajouter à la dette une annuité d’environ 5 millions.